Dans la bande de Gaza, l'hôpital Al-Qods a été déclaré entièrement hors service, alors que les bombardements d'Israël s'intensifient sur la région, où ils s'accompagnent désormais d'offensives militaires terrestres. Après avoir été détruite par l'occupation en 2008, la structure hospitalière avait été reconstruite par le Maroc. Depuis dimanche, l'hôpital Al-Qods dans la bande de Gaza est entièrement hors service, selon le Comité du Croissant-Rouge en Palestine. Dans une région à son trente-neuvième jour d'état de siège par Israël, la structure hospitalière a complètement cessé de fonctionner après l'épuisement de son stock de carburant, qui a permis jusque-là d'alimenter le courant électrique à l'intérieur. Dans ce contexte, le Croissant-Rouge palestinien a annoncé que les équipes médicales de l'hôpital faisaient encore de leur mieux pour prodiguer des soins médicaux aux patients, même par des méthodes traditionnelles, compte tenu des conditions humanitaires extrêmes, faute de fournitures médicales, de denrées alimentaires et d'eau. «Malgré les appels incessants du Comité à la communauté internationale et aux institutions humanitaires concernant l'urgence d'acheminer de l'aide à l'hôpital Al-Qods, lui-même assiégé depuis environ une semaine, avec des coupures de communications et d'Internet pour le cinquième jour consécutif, les organisations n'ont pas pu approvisionner l'hôpital», a déploré l'organisation. Dans le même sens, celle-ci a confirmé que sur le terrain, «les forces israéliennes empêchent les ambulances d'approcher les lieux d'incursion et ciblent tous ceux qui tentent de s'y déplacer. Par conséquent, un grand nombre de corps sans vie est laissé sur les routes, sans que des équipes ne puissent les récupérer». «L'hôpital a été laissé seul à son sort, en proie aux bombardements israéliens continus dans ses environs et même à son ciblage direct, ce qui met en danger réel la vie du personnel médical, des blessés, des malades et des déplacés qui y trouvent refuge.» Comité du Croissant-Rouge en Palestine L'hôpital Al-Qods, un établissement témoin des attaques répétées d'Israël En 2008 déjà, l'hôpital Al-Qods a été détruit par l'armée d'occupation israélienne. Il est resté en l'état jusqu'à la fin de son nouveau chantier en 2021, après que le Maroc a financé la reconstruction de tout ce qui a été endommagé. Fin 2008, un accord signé dans la ville de Fès a en effet prévu d'ériger une nouvelle fois l'établissement, au même titre que la faculté d'agriculture relevant de l'Université Al-Azhar de Gaza. Renée de ses cendres, la structure hospitalière flambant neuve a été inaugurée en août 2021. Une cérémonie officielle s'est tenue à cet effet, en présence de l'ambassadeur du Maroc en Palestine, Mohamed Hamzaoui, ainsi que de plusieurs responsables politiques et personnalités palestiniennes. D'une capacité de 102 lits, l'hôpital est doté d'un grand bloc opératoire composé de 8 salles équipées, en plus de nombreux services de différentes spécialités. L'un d'eux est entièrement dédié aux soins intensifs, avec une capacité de 10 lits. Son service d'obstétrique et de gynécologie est doté aussi de blocs opératoires, ainsi que de dix incubateurs pour bébés prématurés. Par ailleurs, l'établissement compte une aile destinée à la chirurgie endoscopique, outre les installations de cardiologie. Pour répondre au mieux aux besoins des patients, tous les secteurs de la structure ont été équipés selon des normes internationales les plus élevées. Par les prestations médicales auxquelles il est destiné et grâce à son équipement de pointe, cet hôpital a ainsi contribué à l'effort de territorialisation de l'offre de santé dans la bande de Gaza, malgré le blocus imposé par Israël depuis 2007. Cette infrastructure médicale vitale a eu pour but également de répondre aux attentes des patients, tout en permettant à ces derniers de réduire leur facture de soins par rapport à une prise en charge externe. A ce titre, la structure propose également plusieurs services annexes, à travers un laboratoire, une pharmacie, ou encore un service de radiologie rendant possibles les examens d'échographie, d'imagerie par résonance magnétique (IRM) et le traitement ciblé de calculs rénaux par ultrasons (lithotripsie). Des menaces israéliennes réelles Durant la guerre en cours, l'hôpital Al-Qods a été visé par de nombreuses menaces «fermes» de la part des autorités d'occupation, qui ont ordonné une évacuation immédiate, sous peine d'attaque directe malgré la présence des patients et du personnel médical. Sur plusieurs jours, ses environs ont d'ailleurs été la cible de raids israéliens continus, qui ont détruit les bâtiments voisins dans un rayon de 50 mètres. Le porte-parole de l'armée israélienne auprès des médias arabes, Avichay Adraee, a précédemment affirmé via les réseaux sociaux que les soldats avaient «éliminé une cellule de terroristes», actifs selon lui à proximité de l'hôpital Al-Qods. D'après le responsable, des individus auraient «ouvert le feu depuis l'entrée de la structure» en direction des forces terrestres israéliennes. A l'image de l'hôpital Al-Qods, toutes les structures médicales de la bande de Gaza sont désormais la cible d'attaques israéliennes directes et continues, qui conduisent la plupart de ces établissements à ne plus être opérationnels. C'est le cas également de l'hôpital assiégé Shifa, où de nombreux membres du personnel ont tenu à rester au chevet de leurs patients, alors que l'aide urgente n'atteint toujours pas cette zone. Le mois dernier, le bombardement de l'hôpital baptiste Al Maamadani dans la bande de Gaza a suscité l'indignation internationale. Le Maroc a condamné fermement cet acte, qui a fait plusieurs centaines de morts et de blessés. Dans un communiqué, le ministère des Affaires étrangères, de la coopération africaine et des Marocains résidant à l'étranger a réitéré son appel à ce que les civils soient protégés par toutes les parties.