Le PAM et le PJD ne parviennent pas à enterrer la hache de guerre. Ces derniers jours, la tension entre les deux partis a monté d'un cran. Pour les deux formations, le parlement est un espace de pugilat où tous les coups sont permis. Le torchon brûle entre le PAM et Abdelilah Benkirane. La formation d'opposition a décidé, hier soir, d'ester le chef du gouvernement en justice pour «insultes» et «diffamation». A l'issue d'un point de presse, le secrétaire général du PAM, Mustapha Bakoury, a expliqué, dans des déclarations à 2M, que le recours aux tribunaux a pour objectif de «rendre justice aux instances et aux militants du parti qui subissent une offensive sans relâche de la part du chef du gouvernement, le secrétaire général du PJD». Et, selon lui, ce sera une occasion pour la justice d'enquêter sur la véracité des accusations de Benkirane contre le Tracteur. Bakoury a précisé que cette décision est «une conséquence logique de l'acharnement bizarre» de Benkirane qui tient à «faire l'amalgame, lors de ses passages mensuels et publics devant les deux chambres du parlement, entre ses responsabilités gouvernementales et sa qualité partisane, et ce, en toute violation de l'article 100 de la constitution». Une remarque que partage, d'ailleurs, des partis de l'opposition et également l'Istiqlal de Hamid Chabat, pourtant l'une des composantes de la majorité. PJD et PAM se vouent une haine à mort Ce recours à la justice intervient exactement, six jours, après l'accrochage, diffusé en direct sur Al Oula, entre Benkirane et Hakim Benchemmach, le président du groupe PAM à la Chambre des conseillers. Ne faisant pas dans la dentelle, le chef de l'exécutif a accusé le PAMiste de «comploter contre le gouvernement» en vue de «briser le cours normal des réformes annoncées et engagées.» Sur un ton très virulent, Benkirane a martelé que «notre combat contre la prévarication se poursuit, car nous représentons la légitimité populaire.» Et de tirer à boulets rouges sur le modèle de formation politique qui, selon lui, «s'accapare le pouvoir pour bénéficier des privilèges au détriment des intérêts du peuple». Des propos qui ont contraint le groupe PAM à se retirer de la séance. Et alors même qu'il était en train de quitter la salle, Benkirane s'adressait directement à Benchemmach en lui ordonnant de «respecter les ministres». Cet accrochage s'est poursuivi, mardi, à la commission de la justice de la chambre des représentants lorsque la députée du PAM, Khadija Rouissi, a traité Benkirane et Abdelkrim El Khatib, le fondateur du PJD, d' «assassins des innocents» au service de Driss Basri, l'homme fort sous le règne de Hassan II. Force est de constater que les accusations entre le PJD et le PAM sont monnaie courante. Elles ont atteint leur pic au lendemain des communales de 2009. Les tentatives de mise à l'écart des islamistes du tour de table de certaines mairies avait fait sortir certains PJDistes de leurs gonds en accusant, Fouad Ali El Himma, à l'époque membre du PAM, d' «éradicateur». Ce face à face entre le PAM et le chef du gouvernement est appelé à connaître un nouvel épisode à l'occasion du passage, lundi, de Benkirane devant la chambre des représentant. Ce sera diffusé en direct sur Al Oula.