L'opérateur Maroc Telecom (IAM) pourrait perdre son adjudication provisoire de 51% du capital de la Société des télécommunications du Mali (SOTELMA). L'information a fait la Une des journaux maliens le week-end dernier. Selon « L'Indépendant », un quotidien local, « l'adjudication des 51% du capital de la SOTELMA à Maroc Telecom pourrait être annulée par le gouvernement ». Que s'est-il passé donc depuis le 15 janvier dernier date d'ouverture des plis? Rappel des faits. La société IAM était encore en lice avec 2 opérateurs pour l'adjudication de 51% de la SOTELMA, à savoir Sudatel et Portugal Telecom. Cependant, avec 252 millions d'euros, environ 3 milliards de dirhams, l'offre d'IAM était la plus importante. Tout le monde attendait la décision du gouvernement malien qui devrait en principe valider l'offre de Maroc Telecom. Mais deux semaines après l'adjudication provisoire, l'Etat malien serait en passe selon « L'Indépendant », de déclarer le processus d'appel d'offres infructueux pour « manque de transparence qui, en provoquant le désistement de certains concurrents, n'aurait pas permis d'atteindre le montant espéré par l'Etat ». On apprend aussi de « L'Indépendant » que « la commission d'évaluation des offres, présidée par la ministre de la Communication et des Nouvelles Technologies, Mme Diarra Mariam Flantié Diallo, a siégé et a rendu publics les résultats de ses travaux quand bien même la valorisation de la Sotelma n'était pas réellement connue ». Pire encore! Les travaux de valorisation de la société nationale des télécommunications du Mali, auraient été confiés à deux cabinets distincts. Deux rapports différents avec deux conclusions sont arrivés en même temps que le rapport sur l'adjudication au sommet de l'Etat. Le premier rapport valorise mieux la SOTELMA alors que le second au contraire minore sa valeur. « L'Indépendant » enfonce un peu le clou ce mardi 3 février affirmant que le manque de transparence ne serait pas la seule raison qui pourrait faire perdre le marché à Maroc Telecom. Le journal parle de deux raisons. La première, c'est qu'il y aurait des lobbies autour du pouvoir à Bamako. Pour « L'Indépendant », «ces lobbies sont partagés entre Koulouba (la présidence de la République), la Primature, la Direction générale de la SOTELMA et, bien sûr, le ministère de la Communication et des Nouvelles Technologies ». Des observateurs quant à eux évoquent des pressions émanant de l'Afrique du Sud qui aurait, selon des sources médiatiques, mis sur la table 300 millions d'euros pour la reprise de l'opérateur malien ». L'Afrique du Sud était représentée par deux sociétés au début du processus de privatisation, Vodacom et DC-Huawei (société Sino-sud africaine). La seconde raison est liée au mal du moment, la crise financière internationale. Le journal affirme que « certains opérateurs ayant acheté le dossier d'offre à 10 millions de Francs CFA – plus de 15.000 euros – ne se sont plus présentés pour la compétition », avant d'ajouter qu'avec le sauvetage de la faillite de « certaines sociétés et banques européennes et américaines », certains de ces opérateurs non cités par « L'Indépendant » pourraient revenir dans la course. Encore faudrait-il que l'Etat malien invalide l'appel d'offres remporté haut la main par IAM. Le Chef de l'Etat malien, qui veut à la fois la transparence dans le processus de privatisation mais aussi et surtout gagner beaucoup d'argent connait tous les risques liées à la future décision. En cas de reprise du processus, l'Etat pourrait perdre beaucoup d'argent si les nouveaux concurrents proposent des offres en deçà de 252 millions d'euros. Comme il pourrait en gagner plus si le retour probable des « grands » annoncé par L'Indépendant se confirme.