Du Maghreb central à Al-Andalus, la dynastie almoravide, qui a eu Marrakech pour capitale, a érigé des mosquées dans l'ensemble de ses zones de contrôle. Parmi ces lieux de culte, trois construits par le sultan Youssef Ibn Tachfin (1061 – 1106) se trouvent en Algérie actuelle et sont en fonction à ce jour. Les Almoravides (1040 – 1147), qui ont fait de la ville de Marrakech leur capitale, ont étendu leur contrôle sur une zone géographique importante, des côtes de l'Atlantique à l'ouest, au pays de Chinguetti et au bassin du fleuve Sénégal au sud, en passant par l'empire du Kanem à l'est. La vaste région sous influence almoravide comprend même Al-Andalus, de l'autre côté de la Méditerranée, ainsi que l'Algérie actuelle, à l'est. Cette réunification a permis de mettre fin aux royautés éparses, notamment les Taïfas (1031 – 1492), qui ont émergé dans la région depuis l'effondrement du califat omeyyade (1389 – 1031) en Occident islamique et du règne fatimide en Orient. Cette dynastie a laissé une empreinte ineffaçable, notamment à travers des monuments architecturaux qui ont résisté aux facteurs du temps, confirmant sa place de premier rang dans la région. Parmi les plus somptueux de ces édifices figurent des mosquées toujours en activité, dont trois sont des plus célèbres et des plus anciennes en Algérie. Histoire : Lorsque Youssef ben Tachfine restaura le prestige d'Al-Andalus en combattant les Taïfas La Grande mosquée d'Alger La Grande mosquée d'Alger est considérée comme l'un des édifices encore vivants des almoravides. C'est aussi la plus ancienne mosquée active de la capitale algérienne. Certains récits historiques estiment qu'elle est la plus ancienne du Maghreb central, après celle Sidi Oqba à Biskra, la Grande mosquée de Tlemcen et celle de Nedroma. Selon l'ouvrage «L'importance des mosquées dans l'Islam» d'Ahmed Mohamed Abu Shunnar, il s'agit en effet de rares monuments témoignant aujourd'hui de la période almoravide. La même source retient que la construction de la Grande mosquée d'Alger remonte au Ve siècle de l'Hégire, lors de l'extension du règne de la dynastie almoravide au Maghreb central grâce au père fondateur de l'empire unifié, le sultan Youssef Ibn Tachfin (1061 – 1106). Plus précisément, elle a été construite en 1097 (AD), tandis que certains historiens présument qu'elle a été érigée sur les ruines d'une cathédrale chrétienne datant de l'époque romaine. Bien que la Grande mosquée ait vu le jour avec et grâce aux Almoravides, elle a continué à être un symbole de leadership religieux et politique sous les Ottomans (1299 – 1923). Au XVIIe siècle de notre ère, elle a été considérée comme le plus grand lieu de culte musulman de la ville d'Alger, se distinguant par la précision de son architecture et la qualité du bâtiment, mais aussi le matériau utilisé, notamment dans la salle de prière. L'espace laisse voir une disposition fascinante des arcades polies, ce qui a incité les Ottomans à l'embellir davantage, en y ajoutant une fontaine en marbre dans la cour des ablutions. La Grande mosquée de Tlemcen La Grande mosquée de Tlemcen est considérée comme la quatrième plus ancienne d'Algérie, fondée également en 1097 (AD) par Ibn Tachfin. Elle a résisté au temps pendant environ 900 ans, devenant ainsi l'un des témoignages vivants les plus importants et les plus beaux de l'architecture almoravide en Algérie, en plus d'être l'un des repères historiques du règne de la dynastie à Tlemcen, de 1079 à 1143 (AD). La mosquée a été construite également par Youssef Ibn Tachfin, puis son successeur, Ali ben Youssef ibn Tachfin (1106 – 1143), qui lui a ajouté ses décorations actuelles, l'a agrandie et l'a restaurée. Comme les autres lieux de culte érigés par les Almoravides, la conception du bâtiment se distingue par ses tuiles perpendiculaires au mur de la qibla, ainsi qu'une cour rectangulaire entourée de galeries de part et d'autre. Elle représente le premier modèle maghrébin d'architecture cultuelle. La Grande mosquée de la ville de Nedroma Semblable aux deux mosquées précédentes, la Grande mosquée de la ville algérienne de Nedroma a été construite par le leader almoravide Youssef Ibn Tachfin en 1081. Son minaret a été construit ensuite par les Zianides (1236 – 1556), en 1348 après. Cette mosquée est considérée comme la troisième plus ancienne d'Algérie, après celle du gouvernorat de Mila (est de l'Algérie) et de Biskra (sud-est de l'Algérie), puisque sa construction remonte à il y a environ 1 000 ans, avec de grandes similitudes architecturales par rapport à celle d'Alger. A ce jour, une inscription est gravée dans ses murs, portant le nom d'Ibn Tachfin. La grande et ancienne mosquée Nedroma, de forme rectangulaire, a conservé son aspect architectural initial, notamment au niveau de sa cour, ses murs, ses entrées et son mihrab. Les références historiques indiquent que le minaret a été construit sous la supervision de l'ingénieur Muhammad al-Shisi, qui s'est appuyé sur le style des minarets du Maroc et celui de la mosquée de Kairouan, en Tunisie. Le minaret de la Grande mosquée de la ville algérienne s'élève à 23,30 mètres et la hauteur de la première tour inférieure est de 19,80 mètres. Le minaret se termine par une forme rectangulaire d'une hauteur de 4,24 mètres et d'une base de 2,04 mètres. Il comprend 99 marches, que les habitants de la ville gravissent pour atteindre le sommet, et dans lesquelles sont mentionnés les noms saints de Dieu.