Sur la question du Sahara, le Maroc commence à gagner des sympathisants dans les rangs de la France Insoumise et la NUPES. Une gauche plurielle qui s'est longtemps positionnée aux côtés du Polisario. Un ralliement qui permet au moins au royaume de compenser la perte du soutien des eurodéputés de Renaissance, la formation du président Macron. Sur les traces des socialistes espagnols menés par Pedro Sanchez et de la coalition de gauche en Allemagne conduite par le chancelier Olaf Scholz, la France Insoumise commence à nuancer ses positions sur la question du Sahara occidental. Des voix dans le camp de LFI n'hésitent plus à rompre avec une certaine ligne ayant prévalu pendant des décennies, marquée par un soutien sans faille au Polisario. «Je n'ai pas de position abrupte et complètement tranchée sur la question du Sahara. Ce n'est pas à nous de l'avoir, c'est au gouvernement en situation. On saura ce qu'on a à faire le jour venu», a expliqué dans des déclarations à Mediapart, le député de LFI Arnaud Le Gall. Le spécialiste des relations internationales au sein de LFI a, par ailleurs, précisé que la notion d'autodétermination n'est pas un «principe intangible et universel» mais une réalité «pleine de cas particuliers». Une approche qui risque de soulever l'ire du Polisario et de ses partisans en France. L'amorce d'une rupture ? LFI est pourtant réputée pour sa proximité avec le mouvement séparatiste. En témoigne, la question écrite du député Loïc Prud'homme adressée, le 30 octobre 2018, à l'ancien ministre des Affaires étrangères, Jean-Yves Le Drian, dans laquelle il accusait le Maroc de «perpétrer des persécutions avec des risques de torture avérés, sur le peuple sahraoui, dont 170 000 membres vivent actuellement dans des camps de réfugiés au sud de l'Algérie, dans des conditions déplorables et sans aucune perspective de sortie». En octobre 2019, la députée de LFI Mathilde Panot, aujourd'hui présidente du groupe à l'Assemblée française, avait participé à une manifestation de soutien au Polisario, aux côtés de Claude Mangin-Asfari, l'épouse de Naama Asfari, condamné à 30 ans de prison dans le cadre du procès sur les événements de Gdim Izik de novembre 2010. Ces expressions de la France Insoumise d'appui au Polisario appartiennent-elles au passé ? Les eurodéputés de la LFI n'ont pas voté, au même titre que l'extrême droite française, le 10 juin 2021, la résolution du Parlement européen condamnant le Maroc pour l'exode de milliers de Marocains à Ceuta, en mai de la même année. Des membres de la NUPES (Nouvelle union populaire écologique et sociale), la coalition de gauche lancée à la veille des élections législatives de 2022, adhèrent également à ce changement de cap qui s'esquisse chez les camarades de Jean-Luc Mélenchon. Karim Ben Cheikh, le candidat à la 9e circonscription des Français à l'étranger, en est le porte-parole. «Ma position sur le Sahara est connue de tous. Pour moi, la proposition d'autonomie du Sahara dans le cadre de la souveraineté marocaine est la seule proposition crédible et réaliste sur la table des négociations. C'est ma position constante, partout», a-t-il affirmé dans une interview accordée à Yabiladi. Une prise de position qui lui vaut d'être immédiatement traité par Mediapart de «l'écologiste qui s'aligne sur le régime marocain». Face à Ben Cheikh se dresse dans l'autre camp le député communiste, Jean Pierre Lecoq. Pour rappel, c'est à son initiative que le Groupe de la gauche démocrate et républicaine (GDR, nouvelle appellation des communistes) à l'Assemblée française avait organisé, en janvier 2022, une séance publique pour «l'examen de la politique du gouvernement français vis-à-vis de la question de Sahara occidental». En septembre dernier, il avait offert à Sultana Khaya une visite au siège de l'Assemblée française.