La deuxième soirée de la fashion week de Casablanca, en sa 6e édition, a vu défiler, hier soir, les créations de trois stylistes : Siham Sara Chraïbi, Paolo Errico et Saïd Mahrouf. Reportage. Hier soir, vendredi 9 novembre, ont défilé Siham Sara Chraïbi, l'Italien Paolo Errico et le très attendu Saïd Mahrouf, dans la nef de l'église du Sacré cœur, près du Parc de la Ligue arabe, à Casablanca. Pour la deuxième soirée de la 6e édition de Casablanca Fashion week, près d'une centaine d'invités a fait le déplacement. Jamal Abdennassar, le fondateur et président de Festimode, et son équipe ont, cette année encore, investit l'immense cathédrale blanche et vide, habituellement abandonnée à quelques touristes perplexes. Tapis rouge, écran géant, buffet, moquette noire et, au centre, derrière les paravents, un espace aménagé pour les défilés. En première partie de soirée, avec quelque retard - mais que serait un semblable évènement sans le retard indispensable à l'impatience et à la curiosité ? -, le défilé des créations de Siham Sara Chraïbi ouvre le bal. Coupe rigide et épaulettes, la créatrice s'est inspirée d'un univers cosmique fantasmé, référence faite au monde de Star Trek. L'association d'une robe blanche avec des épaulettes dorées rappelle sa précédente collection aux accents «pharaoniques». La créatrice fait également des références appuyées à d'autres créateurs de mode. Une robe à la taille bouffante et plongeant sur les cuisses s'inspire fortement une création de Balanciaga, tandis que plusieurs ceintures aux allures de corset évoquent certaines pièces de Alexander Max Queen. Standing ovation pour Saïd Mahrouf Dans un second temps, l'une des deux cautions «Méditerranée» de cette nouvelle édition de Festimode, défile à son tour. Parce que Jamal Abdennassar a voulu ouvrir l'édition 2012 à la Méditerranée et non plus seulement aux créateurs marocains, l'Italien Paolo Errico a été invité à présenter ses créations. Ses tenues défilent dans le silence général. Maille, tissus fluides, coupes asymétriques, teintes claires proches du blanc et assemblage géométrique de pièces de tissu... La collection de Paolo Errico aura manqué d'élégance et d'originalité pour séduire le public de la Fashion week casablancaise. Enfin, le très attendu Maroco-néerlandais, Saïd Mahrouf, laisse échapper ses créations. Très architecturées, drapées, vaporeuses, jeux de symétrie et d'asymétrie, volumes souples, pants tombant avec justesse ... La nouvelle collection de Saïd Mahrouf, même si elle présente moins d'unité que la précédente alors entièrement déclinée en blanc crème et lignes noires, développe une nouvelle fois les volumes comme des architectures souples. Plusieurs tenues, notamment, se nouent à l'avant, sur le ventre et le buste, retombant en volutes de tissu parfaitement symétrique. Le créateur marocain emporte les applaudissements du public plusieurs fois pendant le défilé, avant de se voire gratifier d'une sincère standing ovation finale. 3 questions à Ghita Laskrouif, styliste invitée à Festimode 2012 Vous signez en 2012 votre quatrième participation à la Fashion week de Casablanca. Comment avez-vous fait évoluer vos collections pendant ces 4 ans ? Au départ, je proposais des créations très conceptuelles, maintenant, je vais plus vers des tenues que les gens peuvent porter tous les jours. Je faisais des ensembles très compliqués, aujourd'hui je peux faire des looks qui associent une simple chemise avec une accessoire particulier plus travaillé, plus complexe. Quelles opportunités vous a offertes Festimode ? La Fashion week m'a offert une visibilité, une plateforme internationale où des gens peuvent venir prendre la mesure de la qualité de mon travail. Aujourd'hui, des clientes, aussi, me contactent directement après un show. En me faisant des contacts, j'ai aussi de plus en plus de chance d'exposer mes créations ailleurs. Comment a évolué le milieu de la mode au Maroc, ces dernières années ? Le secteur se développe, mais il faut attendre encore 4, 5 ou 6 ans pour le voir s'exprimer. Depuis 4 ans, à Festimode, je vois toujours les mêmes visages, mais je crois que des structures comme le Morocco Mall, par exemple, peuvent habituer les gens à voir et à suivre la mode. Il y a aussi de plus en plus de bloggeuses au Maroc. Je pense que chacune d'elle va influencer son entourage et ainsi la proportion de personnes touchées par la mode va grandir.