Les 7 défilés de la Fashion week de Casablanca, associant créations «couture» et prêt-à-porter, se sont succédés du 11 au 15 mai. Des stylistes confirmés, résidant souvent à l'étranger, comme Fadila El Gadi, Salima Abdel Wahab ou Saïd Mahrouf, sont venus montrer, lors de cette 6° édition, que la mode marocaine ne sarrêtait ni aux caftans, ni aux frontières. Depuis 2006, Casablanca donne, chaque année, FestiMode : fashion week marocaine. Elle s'est déroulée, cette année du 11 au 15 mai, à l'église du Sacré cœur. L'objectif de la manifestation est clair : présenter une mode marocaine contemporaine qui coupe les ponts avec le caftan. Ici, les vêtements traditionnels, mêmes revisités à la façon occidentale, n'ont pas cours. L'équipe de FestiMode entend présenter des créations relevant de «l'universel». Ambitieux. Du moins, les créations présentées sont-elles, aujourd'hui, internationales grâce à la diaspora marocaine. Parmi les 6 créateurs invités à présenter leur collection, la moitié appartient à la diaspora. Ahmed Taoufiki, né à Agadir, est diplômé de l'Ecole internationale de la mode de Toulouse, où il travaille. Amel Bouazizi, marocaine installée à Rotterdam, est régulièrement invitée au Graduation show du Piet Zwart Institute. Saïd Mahrouf, est né à Asilah. Après des études au Gerrit Rietveld Art Academy, à Amsterdam, il poursuit sa formation au Pratt Institute à New York. Il est aujourd'hui installé à Amsterdam. L'équipe même de FestiMode est aussi très largement issue de la diaspora marocaine. « Ce sont des gens qui ont vu comment ça se passe ailleurs et viennent participer au développement du secteur au Maroc», explique Jamal Abdennassar, fondateur du FestiMode. Réciproquement, FestiMode a aussi investi les évènements de la mode en Europe pour révéler au public les créations des stylistes marocains résidant dans leur pays. 2009 fut, à ce titre, riche en collaborations. Cette année là, FestiMode a participé à la programmation off de la Fashion week d'Amsterdam, pour présenter les créations d'Amine Bendriouich, Noureddine Amir et Fadila El Gadi. En collaboration avec la Cité euro-méditerranéenne de la Mode et l'Association marocaine des industries du textile et de l'habillement, FestiMode a pu montrer le travail de Saïd Mahrouf au Salon du prêt-à-porter de Paris. Parfait exemple de collaboration transméditerranéenne : FestiMode et Createurope, en 2009. FestiMode a présenté de jeunes stylistes lauréats du concours européen de mode et de design organisé par le Goethe Institut. En échange, celui-ci permettait à deux créateurs marocains, Zineb Chakir et Amine Bendriouich, de participer au concours. Amine a emporté le prix du jury et le prix du public. Fondateur de FestiMode : « Des créateurs livrés à eux-mêmes » Jamal Abdenassar, fondateur de Festimode: « Aujourd'hui, on peut parler d'une nouvelle génération de créateurs marocains, dans la mesure où les stylistes qui ont présenté leurs vêtements proposent tout à fait autre chose que le caftan. Ils ne représentent pas, cependant, un nouveau mouvement de mode marocain. Nous ne sommes pas dans ce genre de démarche. Les créateurs sont des individualités marocaines. Ce sont des noms qui imposent leur propre style ; ls sont dans l'universel. Depuis 2006, nous avons présenté une dizaine de créateurs confirmés, entre « couture » (sur-mesure de luxe) et prêt-à-porter, mais ils restent sur de petites structures qui se débrouillent sans soutien. C'est aberrant pour un pays comme le notre, avec une industrie textile aussi développée. Elle reste orientée vers la sous-traitance au lieu de se tourner vers la valeur ajoutée marocaine. Une Fashion week est d'abord destinée aux professionnels de la mode, aux industriels de l'habillement. J'ai contacté les industriels marocains via l'Association des industries marocaines des textiles et de l'habillement, mais ils n'ont pas même daigné répondre à mes mails. Aujourd'hui, ceux qui s'intéressent à ces créateurs, ce sont les étrangers. Les galeries Lafayette ont racheté toute la collection de Saïd Mahrouf. »