Du 5 au 9 mai, fashionistas et fashion victims s'étaient donné rendez-vous à Casablanca, transformée quatre jours durant, en capitale de la mode contemporaine internationale. Un festival éclectique, entre émergence et valeurs sûres, entre tendances et expérimentations, entre Maroc et Europe. Une vraie Morroccan Fashion Week. L'ambiance est à la hauteur des défilés les plus hype des fashion week New-yorkaise et Européennes. Une lumière rosée baigne le lieu et la musique électro résonne doucement aux oreilles des premiers convives, triés sur le volet. Non, vous n'êtes pas sur un plateau de fashion TV mais bien à Casablanca. De part et d'autre du podium dressé dans le cadre enchanteur de l'église du Sacré-Cœur, deux rangées de peoples, journalistes et institutionnels, dont le président de l'AMITH, ont rendez-vous avec la mode. D'ailleurs, le succès est tel, que le gratin casablancais se bat à l'entrée du lieu pour assister au défilé de clôture du samedi soir. Les hôtesses d'accueil sont complètement débordées, vérifiant à plusieurs reprises que les invités déjà installés n'ont pas usurpé le fameux sésame pour entrer. Preuve qu'en quatre ans d'existence, Festimode a su gagner ses galons de festival qui compte dans la mode, et pourquoi pas s'élever au rang de Fashion Week marocaine. Dans la cour des grands Et pour cause. Pour cette quatrième édition, les organisateurs, Jamal Abdennassar et Bechar El Mahfoudi, ont vu grand. Des stars de la mode marocaine, espagnole et allemande se sont partagés le podium pour un Festimode ouvert cette année à l'international. La réputation de l'évènement a su convaincre les fleurons de la création haute couture espagnole d'y participer. « Nous avons voulu faire de cette édition une occasion d'échanges et de rencontres entre professionnels, et entre créateurs marocains et étrangers », explique Bechar el Mahfoudi. Festimode a aussi gagné en professionnalisme, puisque cette année, chaque créateur confirmé a présenté une collection complète de 20 tenues, comme cela se fait dans les grands défilés internationaux. Le jeudi 7 mai, la crème des stylistes espagnols était donc à Casablanca pour présenter ses dernières créations. Juan Duyos, Ana Locking, Agatha Ruis de la Prada et Antonio Alvarato ont bluffé une assistance médusée. Un tremplin pour la création marocaine Côté marocain, on en a aussi pris plein les yeux. Encore une fois, Festimode bouscule la tradition, relégant le caftan aux oubliettes, pour promouvoir une mode résolument contemporaine. «Si l'on réduit la mode marocaine au seul caftan, ça sera la mort de l'art », résume Hamid Fardjad, directeur artistique de cette édition. Le 9 mai, les deux défilés Emergence et créateurs n'ont pas démérité. Parmi les émergents, on a aimé les lignes déstructurées des créations exclusivement noires et rouges de la jeune Amal Benayad. Le défilé des trois créateurs marocains confirmés, Noureddine Amir, Karim Tassi et Saïd Mahrouf, constitua évidemment le clou du show. La soie, déclinée sous toutes les formes, a dominé les défilés, soie sauvage, satinée, soie grège, exclusivement violette chez Karim Tassi, déclinée en de multiples coloris pour les autres. Une réussite donc pour ce festival qui, en raison de la crise, n'a pas pu compter sur ses sponsors étrangers habituels. A la place, le festival a été largement soutenu par l'AMITH (Association marocaine de l'industrie du textile et de l'habillement), qui a financé pour une bonne part l'évènement, et choisi de faire de Festimode la plateforme de création de toute la profession. Un signe fort au vu du peu de soutien dont bénéficie la jeune création marocaine dans notre pays. Un exemple à suivre. ■