Pour régulariser leur situation en Espagne, des Marocaines établies à Almeria se faisaient passer pour des victimes de violence conjugale. Leurs mises en scène, orchestrées par une bande organisée, n'ont toutefois pas tardé à attirer l'attention de la police espagnole. Explications. C'est une organisation criminelle bien particulière qui vient d'être démantelée par la police espagnole. A Almeria, dans le sud de la péninsule, des femmes de nationalité marocaine se faisaient, en effet, passer pour des victimes de maltraitance conjugale pour pouvoir solliciter une demande de régularisation « à titre exceptionnel» auprès des autorités locales, a fait savoir la presse espagnole mercredi 7 novembre. Ces fausses femmes battues bénéficiaient également d'une aide financière qui leur était versée par l'Etat en guise de dédommagement. 18 personnes ont, au total, été placées en état d'arrestation pour «fausses déclarations, simulations, menaces, falsifications et appartenance à une organisation criminelle». Parmi elles, se trouvaient les trois principaux cerveaux dirigeants du réseau, six hommes ainsi que neufs femmes. Les «mal traiteurs» empochaient jusqu'à 4000 euros L'opération policière, baptisée Pomelo (pamplemousse), a débuté en septembre dernier, après la fin de la saison estivale. L'augmentation «signifiante» du nombre de plaintes déposées pour violence conjugale auprès du commissariat principal de la commune d'El Ejido, n'a pas manqué d'attirer les soupçons de la police. D'autant plus que la majorité des plaintes étaient déposées par des femmes de nationalité marocaine. L'enquête préliminaire a d'abord permis de localiser trois membres actifs du réseau. Ces derniers étaient chargés de trouver des femmes marocaines en situation irrégulière en Espagne. Une fois localisées, ils leur proposaient une régularisation à la main, si elles acceptaient de se faire passer pour des femmes battues. Ils les mettaient alors en contact avec des Marocains, en situation régulière -pour éviter que ces derniers ne soient expulsés conformément à la loi sur les étrangers (Ley de extranjeria)- devant jouer le rôle du compagnon agressif. Ces hommes, minutieusement sélectionnés par le réseau, percevaient entre 2000 et 4000 euros en échange de leur prestation, indique la même source. Après le dépôt de la plainte, ces femmes se rendaient au Bureau de l'immigration d'Almeria afin de solliciter un permis de résidence et de travail pour «circonstances exceptionnelles». Les fausses femmes battues retiraient alors leurs plaintes une fois les papiers de résidence obtenus. Une stratégie, certes, bien étudiée, mais qui n'a pas échappé aux autorités espagnoles. Reportage sur l'affaire signé CERESTV.es