Alors que les frontières avec le Maroc sont fermées, l'Algérie continue de se plaindre d'être une victime des drogues provenant du Maroc. Une version que le royaume a démystifiée lors d'une réunion de l'ONU. Le ministère algérien de la Défense, placée sous la tutelle du président Abdelmadjid Tebboune, publie régulièrement des bilans hebdomadaires, accompagnés de photos, des quantités de drogue saisies provenant des frontières avec le Maroc. Des informations largement relayées par la presse locale et qui ont alimenté l'intervention du Représentant permanent d'Alger à Vienne à l'occasion d'une réunion de la Commission des stupéfiants des Nations unies (CND). Des données que le royaume a contestées officiellement, depuis la même tribune internationale. A l'occasion de la 66e session de la CND, tenue dans la capitale autrichienne, l'ambassadeur représentant permanent du Maroc à Vienne, Azzeddine Farhane a dénoncé des «calomnies véhiculées par l'Algérie». Le diplomate a fustigé des accusations «aussi infondées que ridicules», proférées par son homologue algérien. S'inscrivant complètement en faux contre la version officielle qui présente, depuis des décennies, l'Algérie comme «une victime» du trafic de drogue provenant essentiellement du Maroc, Farhane a précisé que «l'Algérie est plutôt productrice, actrice et initiatrice de plusieurs trafics de drogues et de stupéfiants de diverses natures». Pour étayer ses accusations, l'ambassadeur du royaume a affirmé que «les autorités marocaines ont saisi, pour la seule année 2022, quelque 2 838 069 comprimés psychotropes en provenance principalement de l'Algérie, soit une augmentation de 75% par rapport à 2021». Quand l'armée algérienne vantait, en 2021, les mérites de sa stratégie anti-drogue «L'Algérie nous a toujours habitué à cette posture de victimisation dans sa relation avec le Maroc, à tel point que tout mal qui touche l'Algérie est systématiquement imputé au Maroc», a fait remarquer le diplomate, notant que cette «fixation» sur le Maroc «procède d'une obsession maladive et grotesque». Dans son opération de démystification de la version officielle algérienne sur ce sujet, l'ambassadeur marocain a rappelé que le voisin de l'Est a pris toutes les mesures pour «hermétiser» ses frontières avec le royaume, en y creusant des tranchées profondes et érigeant des murs. Des dispositions appuyées par une surmilitarisation des zones frontalières. Dans ces conditions «si, comme l'Algérie le prétend, il y a un pseudo trafic de drogues vers l'Algérie au travers des zones frontalières avec le Maroc, cela signifierait que les autorités algériennes font preuve de bienveillance à l'égard des trafiquants des drogues», a souligné le diplomate marocain. Pour rappel, l'armée algérienne avait précisé, dans un communiqué publié en mars 2021, que «le régime marocain use de tous les moyens pour faire écouler et vendre ses drogues en dehors de ses frontières et ce, en faisant fi de la sécurité et la stabilité des pays du voisinage. Le Maroc poursuit sa politique visant à inonder l'Algérie avec la drogue qui est devenue une menace contre la sécurité et la stabilité nationales surtout qu'elle vise la catégorie la plus vulnérable, en l'occurrence nos jeunes». Et d'annoncer dans le même texte que l'armée a mis en place une stratégie qui «s'avère efficace à travers les opérations de qualité menées dans le cadre de la lutte contre le narcotrafic». Une stratégie qui n'a pas empêché le ministère de la Défense de continuer à publier des bilans hebdomadaires sur les quantités saisies de drogue provenant du Maroc.