Entrepreneur franco-marocain, Youssef Douh El Idrissi est désormais co-fondateur du label «Origine Maroc Garantie». Grâce à cette labellisation, dont le lancement a été annoncé lundi 9 janvier, le chef d'entreprise ambitionne de valoriser la production marocaine à l'échelle nationale et mondiale, pour en faire un catalyseur de la création de l'emploi dans le pays. Pourquoi un label «Origine Maroc Garantie» ? L'idée a été proposée d'abord par mon associé Michel Vialatte, Français du Maroc et dont la famille est présente dans le pays depuis cent ans. Lui-même consultant et spécialiste des marques-territoire, il m'a proposé de bâtir ensemble un label de qualité sur le modèle d'Origine France et d'autres aussi, mais en tenant compte des spécificités marocaines. Je pense que cela tombait bien, dans un contexte où beaucoup de nos entreprises marocaines se sentent dans une zone de confort qui les incite à la prudence a l'export. Nous ne devons pas être des naïfs de la mondialisation mais au contraire, agir comme des Lions de l'Atlas. En d'autres termes, beaucoup de nos marques marocaines ont réussi à asseoir leur qualité au niveau du marché national ou local et n'ont pas osé aller plus loin. Capitaliser sur la demande nationale et y répondre avec une offre de qualité est une très bonne chose, certes, mais nos produits peuvent aussi faire mouche dans le monde. C'est ainsi que nous avons développé ce label patriotique. Quels sont les critères pour obtenir le label Origine Maroc Garantie ? Y a-t-il une palette de produits à laquelle il se limite ? Si 40% ou plus de la matière (ingrédients, composants ou matériaux) du produit est d'origine du Maroc et s'il est manufacturé par une main-d'œuvre 100% marocaine, il peut être labellisé sur la base d'un audit. Il n'y a pas de restrictions sur la nature des produits ou même des services, notamment les produits culturels, les livres, les albums de musique. Nous ambitionnons de couvrir tout ce qui est consommable, culturel, industriel, agroalimentaire, métallurgique ou du bâtiment. Ce label est d'abord fait pour créer des emplois locaux et c'est notre premier slogan. Nous pouvons couvrir aussi la prestation de services, mais ce sera dans un deuxième temps car l'idée est d'abord de faire connaître à nos concitoyens marocains et aux acheteurs étrangers ce qui se produit dans notre pays, de le promouvoir et d'en faire un catalyseur pour la transmission des compétences et des savoir-faire, et un vecteur pour dynamiser des secteurs industriels et des métiers. Le label Origine Maroc Garantie reprend, selon vous, une certaine idée de promotion du Made in Morocco ? Je ne suis pas très favorable à angliciser le concept de la fabrication et de la production de nos territoires marocains, d'autant que dans le contexte de la mondialisation, ce n'est qu'à partir des années 1980 que l'on a beaucoup plus entendu parler de «Morocco» plutôt que de «Maroc», notamment grâce aux exploits sportifs de nos champions olympiques de l'époque. Sur le plan économique, nous nous adressons au plus grand nombre d'acheteurs de produits et de services marocains, qui sont francophones, surtout au niveau des marchés de l'Afrique de l'Ouest. Le label reprend surtout un vœu de sa majesté le roi Mohammed VI, dont l'un des discours a porté justement sur la promotion de la production marocaine locale labellisée. C'était important pour nous pour réaliser ce projet. Cette labellisation, nous l'espérons, aura un grand impact sur la création d'emplois. D'abord, parce que le produit marocain sera vu par tous les nationaux qui ne savent pas souvent ce qui se crée dans leur pays. On va commencer à le goûter et à l'acheter en priorité. Puis, notamment grâce aux Marocains du monde qui doivent en être les ambassadeurs, ce produit marocain va mieux se faire connaître et sera de plus en plus acheté à l'étranger. Ses fabricants vont donc devoir suivre la demande et créer plus d'emplois pour y répondre. C'est l'ensemble de cette chaîne de valeur qui trouvera là toutes ses lettres de noblesse. Notre label sera un gain de valeur ajoutée pour les entreprises qui le solliciteront. Quelles sont vos ambitions sur ce que pourra permettre la dynamique autour de ce label, en matière de valorisation de la production et du savoir-faire du Maroc ? La labellisation posera aussi quelques exigences. Plusieurs produits de nos terroirs perdent de leur valeur sur le marché mondial, puisque leur provenance n'est pas mentionnée. Cela ne doit plus être le cas, à commencer par l'empaquetage qui doit bien spécifier la provenance du Maroc et ne permettra plus de brader ces produits-là à la merci d'importateurs peu scrupuleux. Tout ceci sera bénéfique pour l'économie marocaine et suscitera un grand engouement. J'ai à l'esprit, par exemple, de l'exportation du sel marocain, dans ce cadre, comme de la maroquinerie, un savoir-faire qui nous est si cher et qui s'exporte «à toutes les sauces», depuis très longtemps, les marques mondiales se gardant bien de valoriser l'origine Maroc.