Si la communauté marocaine à l'étranger souffre d'un poids politique négligeable, au niveau économique elle demeure une clientèle très convoitée par les entreprises marocaines. Néanmoins l'évolution ainsi que le polymorphisme de cette diaspora obligent les opérateurs économiques à plus d'efforts d'apprentissage. Pour résumé, on ne peut plus la ranger dans la case TME : travailleurs marocains à l'étranger. Dans ce cadre, Le Courrier de l'Atlas (Magazine Mensuel du Maghreb en Europe), la société SOPI Communication, spécialisé dans le marketing ethnique, et Yabiladi.com portail internet dédié aux Marocains à l'étranger, ont organisé le 27 Mars 2008 à Casablanca, une conférence avec pour thème : « Les MRE, une clientèle à redécouvrir ». C'est devant un parterre de décideurs économiques que Jean-Christophe Despres (SOPI) et Mohamed Ezzouak (Yabiladi.com) ont exposé leurs pistes vers une nouvelle stratégie à l'égard des MRE. Ils ont tous d'abord démontré que le préalable pour mieux connaître cette population est de se baser sur des études comportant des critères d'échantillonnage tels que le sexe, l'âge, la catégorie socio-professionnelle... C'est dans cette optique que Jean-Christophe Despres a annoncé le lancement d'une étude en partenariat avec Mediamétrie et Solis, visant les communautés originaires du Maghreb, d'Afrique subsaharienne et des DOM-TOM vivant en Ile de France. Les données alors récoltées pourront permettre une segmentation plus fine mais également de mieux appréhender les attentes et les habitudes de consommation. Les MRE demandent plus de considération C'est dans ce sens que Mohamed Ezzouak est intervenu pour exprimer certaines attentes de la communauté marocaine à l'étranger vis à vis des opérateurs économiques marocains. « Le capital confiance hérité étant plutôt mauvais suite aux déconvenues des premières générations, les entreprises doivent redoubler d'effort et faire tomber les clichés ». En effet, aujourd'hui les MRE, toutes générations confondues, vont automatiquement comparer la qualité de service avec les entreprises de leur pays de résidence. Elles devront également faire preuve de plus de proximité tout au long de l'année avec leurs clients. Le MRE souffre de l'éloignement (el ghorba) et attend des entreprises marocaines qu'elles soient à son écoute au delà de la saison estivale. « Le matraquage publicitaire de l'été aux abords du port est de plus en plus mal vécu par nos compatriotes à l'étranger. Ils veulent un peu plus de considération et ne plus être vu comme le méchoui de l'été. » ajoute le fondateur de Yabiladi.com. Vers une nouvelle stratégie Jean-Christophe Despres, se basant sur les différentes études déjà réalisées par SOPI, a proposé quelques pistes de réflexions sur la redéfinition de la stratégie marketing vis à vis de la communauté marocaine à l'étranger. Il a souligné le fait que le bilinguisme des campagnes de communication est dépassé. « Il faut aujourd'hui communiquer avec la langue du pays d'accueil (français, anglais, néerlandais, espagnol, ...) mais également tenir compte de la diversité linguistique de la diaspora (arabe, tachelhite, tamazighte, tarifite). » précise M. Despres. En plus de la désaisonnalisation des campagnes de communication, il préconise d'élargir le choix des supports de publicités aux médias non communautaires . « Aujourd'hui, il peut être plus percutant de toucher les différentes générations en affichant sa marque sur des médias classiques du pays de résidence. Prenez par exemple les décrochages régionaux sur France 3, on peut très bien imaginer des spots de publicité pendant le journal régional seulement sur les régions à forte concentration en marocains. Un marocain ou franco-marocain regardera le journal de sa région comme tout français. » martèle le fondateur de SOPI. M. Ezzouak et M. Despres sont persuadés que la fierté ressentie par le MRE quand il voit une société de son pays d'origine sur des médias européens, permet de se changer l'image qu'il a de l'entreprise marocaine. « Voir Attijariwafa Bank faire de la publicité sur les même supports que les banques françaises, rappelle un peu la fierté que l'on a eu de voir un Hicham El Guerrouj arriver devant Mehdi Baala. » ajoute avec sourire Mohamed Ezzouak.