Une nouvelle enquête de l'OCDE engage les pays émetteurs de migrants, qu'ils soient riches ou non, à prendre conscience du potentiel que représente leur diaspora. Le Maroc bénéficie de flux financiers élevés, au regard du niveau de compétence de sa diaspora, mais risque de souffrir d'une fuite des cerveaux dans le secteur médical. L'émigration peut être une richesse, rappelle l'étude de l'OCDE, publiée vendredi 5 octobre, «Resserrer les liens avec les diasporas : panorama des compétences des migrants». Par son objectif principal - énoncer quelles sont les compétences que les pays d'émigration peuvent «exploiter» en recourant à leur diaspora - l'étude insiste sur la valeur ajoutée que représente une diaspora pour le pays de départ plutôt que les problèmes sociaux que l'on y attache dans les medias des pays d'accueil. Le bénéfice le plus connu d'une diapora est le flux financier entrant qu'elle assure au pays d'origine. Dans la comparaison internationale réalisée par l'OCDE, le Maroc est le 12e pays du monde, dont les ressortissants vivent dans les pays de l'OCDE, par le volume des tranferts de fonds : 6,4 milliards de dollars ont été reçus, au Maroc, en 2010. Le royaume est loin derrière l'Inde et la Chine qui dépassent, chacune, les 50 milliards de dollars. La France, avec ses 1,7 millions de ressortissants dans les pays industrialisés, émerge au classement des transferts de fonds avec 15, 6 milliards de dollars de transfert en 2010. L'Algérie, unique pays du Maghreb et représentant du monde arabe, avec le Maroc, dans ce classement, a bénéficé de seulement 2 milliards de dollars de transferts en 2010. D'autre part, l'enquête tente d'évaluer le potentiel représenté par la diaspora en terme de compétences. L'émigration marocaine à destination de l'OCDE tombe à la 16e place sur cet aspect. Seuls 15,3% des émigrés et enfants d'émigrés sont diplômés de l'enseignement supérieur, en 2005-6, contre 63,3% des Chinois émigrés dans l'OCDE. S'établit ainsi une corrélation entre les deux avantages des diasporas : les transferts de fonds sont d'autant plus importants que les ressortissants ont suivi de longues études car leur salaire est d'autant plus élevé. Le Maroc fait plutôt exception, en témoigne l'écart de ses places dans les deux classements : les Marocains dans l'OCDE envoient beaucoup d'argent au pays en dépit d'un faible niveau de qualification. 28% des médecins marocains à l'étranger Les taux d'expatriation des personnes hautement qualifiés a tendance à augmenter partout dans le monde sauf en Afrique du Nord, où «on enregistre un léger recul […] qui s'explique principalement par la baisse enregistrée au Maroc. Dans ce pays, l'augmentation rapide de la proportion de personnes hautement qualifiées n'a pas été absorbée par l'accroissement du flux global d'émigration», explique l'enquête. En somme, le Maroc produit trop de diplômés pour qu'ils soient tous susceptibles de partir à l'étranger. Pas de «fuite des cerveaux» globale, donc, mais selon les catégories de métier la situation est plus préoccupante. 28 % des médecins marocains exerçaient à l'étranger en 2000 et 20,5% d'infirmières marocaines. «Le problème de l'exode massif des médecins va s'aggraver au fur et à mesure que la hausse du niveau de vie moyen et de l'espérance de vie dans la région fera augmenter la demande de services médicaux», prévoit l'enquête. Conscient du problème, le Maroc, via le ministère de la Communauté marocaine à l'étranger, tente de mettre en place, notamment, des réseaux de compétences.