L'Algérie a repris, en septembre, la première place des fournisseurs de gaz en Espagne, rapportent des médias ibériques. Une position longtemps occupée par les Etats-Unis, dans le sillage de la décision, prise en octobre 2021, par le président algérien Abdelmadjid Tebboune de fermer le Gazoduc Maghreb-Europe, qui passe via le Maroc. Le soutien du chef du gouvernement, Pedro Sanchez en mars dernier, au plan marocain d'autonomie au Sahara occidental, a conduit au retrait des exportations algériennes de gaz vers l'Espagne. Mais en septembre, les données du dernier bulletin statistique d'Enagás, l'Algérie a fourni 8 931 gigawattheures (GWh), soit 25,4 % du total des importations espagnoles, dont 7 962 GWh acheminés par l'oléoduc Medgaz et 969 GWh en GNL transportés à bord de méthaniers. Les Etats-Unis ont exporté 6 012 GWh de GNL, soit 17,1 % du total de la consommation espagnole. Néanmoins le géant nord-américain reste de loin le premier fournisseur de gaz entre janvier et septembre 2022, avec un chiffre record de 102 694 GWh, soit 30,5 % du total des importations espagnoles. La reprise des exportations algériennes a été notée dans le bulletin d'Enagás publié le 17 août. Des médias ibériques l'avaient, alors, attribuée à une visite secrète d'une délégation espagnole à Alger, effectuée le 12 août à bord d'un avion de la présidence du gouvernement. Cinq jours après ce déplacement, l'Espagne a reçu d'Alger 304 GWh de gaz contre 292 GWh qui arrivaient depuis le 1er août. Autre signe de reprise, ce jeudi 6 octobre, Sonatrach et le groupe énergétique espagnol Naturgy ont signé, un accord relatif aux contrats de vente et d'achat de gaz naturel liant les deux sociétés à travers le gazoduc Medgaz. La reprise des exportations algériennes de gaz vers l'Espagne intervient alors que le président Abdelmadjid Tebboune s'est félicité, publiquement, d'une «évolution» de la position de l'Espagne sur la question du Sahara occidental. Ce que le gouvernement espagnol a démenti de manière diplomatique. Pour rappel, en réaction au soutien de Pedro Sanchez à la solution d'autonomie proposée par le Maroc, l'Algérie avait rappelé pour consultations son ambassadeur à Madrid, suspendu le traité d'amitié et de bon voisinage entre les deux pays et geler les domiciliations bancaires pour les opérations de commerce extérieures entre l'Algérie et l'Espagne. Ces mesures de rétorsion n'ayant pas obtenu le résultat escompté, Alger semble s'être résignée à profiter pleinement des exportations de gaz vers l'Espagne durant cette flambée des cours internationaux du gaz.