Après une semaine passée au Maroc, les premières observations du rapporteur spécial de l'ONU sur la torture ne sont guère en faveur du Maroc. Les chances du Maroc de remplir le siège vacant de la Libye au Conseil des droits de l'Homme sont-elles pour autant compromises ? «La torture semble être plus cruelle, violente et systématique quand il s'agit de la sécurité nationale». C'est le constat du rapporteur spécial des Nations Unies sur la torture, Juan Mendez. Samedi à Rabat, devant un parterre de journaliste, le responsable onusien a souligné que «malgré les améliorations notables qui ont été constatées, plusieurs formes de tortures persistent au Maroc». Mendez a assuré à la presse marocaine et internationale qu'il a «de bonnes raisons de croire qu'il y a des rumeurs crédibles d'abus sexuels, de menaces de viol sur la victime ou les membres de sa famille ainsi que d'autres formes de mauvais traitements». Voilà, un sérieux démenti de la part d'un cadre de l'ONU à la version officielle, gouvernement Benkirane et CNDH du tandem El Yazami-Sebbar, soutenant que la pratique de la torture au Maroc serait révolue. Lors de ses entretiens avec Mendez, le ministre de la Justice Mustapha Ramid a minimisé le recours à la torture dans les commissariats et les prisons, préférant parler de «cas isolés». Mendez surveillé de très près par les autorités Pire encore, Juan Mendez a affirmé avoir reçu «de nombreuses plaintes au sujet de l'utilisation de la torture par des fonctionnaires pour obtenir des preuves ou des aveux au cours de la phase initiale des interrogatoires, en particulier dans des cas ayant trait à la sécurité nationale ou à la lutte contre le terrorisme, où le maintien des détentions est ordonné avant même l'accès à un avocat». Le rapporteur spécial de l'ONU sur la torture a regretté que ses rencontres avec la société civile aient été «surveillées par les autorités et les médias, et que son arrivée ait été scrutée par les caméras à chaque endroit». Mohamed Sebbar et Mahjoub El Hiba appelés en renfort Dimanche, sur le journal de 21 heures de la première chaine marocaine, c'est le secrétaire général du CNDH, Mohamed Sebbar qui en est l'invité spécial. Une présence pour atténuer la forte teneur des premières observations de Juan Mendez et de rappeler, au passage, les «nombreuses avancées» accomplies par le Maroc dans le respect des droits de l'Homme. Sebbar a réitéré que c'est le gouvernement marocain qui a invité Juan Mendez pour venir au Maroc. Mais il a omis de citer que ce déplacement est la condition sin qua non du conseil des droits de l'Homme (CDH) pour que le royaume puisse prétendre succéder à la Libye dans cet organisme de l'ONU. De la nature du rapport finale de Mendez, dépendra,en effet, l'issue de la demande marocaine. A 100 kilomètres de distances et à quelques minutes d'intervalles, c'est Mahjoub El Hiba, le délégué ministériel chargé des droits de l'Homme qui venait juste d'entrer d'un voyage en Suisse, au cours duquel il a défendu le Maroc lors de la 13ème session du mécanisme de l'Examen Périodique Universel du CDH, était l'invité spécial du JT arabophone de 2M. Certes, le décor a changé mais nous avons assisté à la même version présentée par Sebbar.