La ministre Aawatif Hayar a exposé, mercredi, la Stratégie nationale de lutte contre la violence faite aux femmes devant la Commission des secteurs sociaux à la Chambre des représentants. Le projet ambitionne de mettre en œuvre plusieurs mécanismes de prévention et de protection, notamment par le renforcement des dispositifs d'accompagnement. La Stratégie nationale de lutte contre la violence faite aux femmes a été dévoilée, mercredi, devant la Commission des secteurs sociaux au sein de la Chambre des représentants. La ministre de la Solidarité, de l'insertion sociale et de la famille, Aawatif Hayar a présenté ce plan d'action, qui se veut un outil de mise en œuvre des mécanismes de lutte contre le phénomène, à commencer par la prévention et l'autonomisation. En juin dernier, la Stratégie a été dévoilée en Conseil de gouvernement. Lors de son exposé en commission de la Chambre des représentants, la ministre a indiqué que ce plan s'inscrivait dans le cadre du programme gouvernemental 2021-2026. Celui-ci inclut «l'amélioration du statut des femmes par le biais de politiques publiques, de réduction des disparités géographiques, sociales et celles basées sur le genre, ainsi que de la consécration d'une égalité effective». Dans ce sens, Aawatif Hayar a défendu «une approche politique globale, qui tient compte de la difficulté d'accès à la justice, aux opportunités, aux services et aux ressources». Il s'agit également d'une approche «holistique et intégrée de la lutte contre la violence», comme «point d'entrée essentiel pour l'inclusion sociale». Dans cette configuration, l'exécutif envisage d'«augmenter le taux d'activité des femmes à plus de 30%, au lieu de 20% actuellement», a-t-elle rappelé, tout en évoquant les trois composantes du Nouveau modèle de développement pour l'autonomisation des femmes. La ministre a également cité les principes de référence de cette stratégie, basée sur les termes de la Constitution, des engagements internationaux du Maroc pour la lutte contre les discriminations visant les femmes, ainsi que des Objectifs de développement durable (ODD), de la Déclaration de Marrakech (2020) et de l'Agenda de l'Union africaine 2063. Les axes d'intervention dans le domaine de la lutte contre les violences faites aux femmes dans le cadre de ce plan se basent surtout sur les résultats d'une étude réalisées en préparation de la stratégie, «plus de trois ans après la promulgation de la loi 103.13 relative à la lutte contre les violences faites aux femmes et la promulgation d'un décret d'application structurant le dispositif de prise en charge». La prévention comme outil de lutte contre les violences Ainsi, la Stratégie ambitionne principalement de «renforcer l'approche préventive», notamment par l'organisation de campagnes nationales de sensibilisation pour stopper les violences faites aux femmes», en concertation avec différentes composantes et en partenariat avec de nombreux acteurs, entre institutions et organisations de la société civile. Il s'agit de «cibler toutes les régions, y compris les zones rurales», après la mise en évidence de nouvelles dimensions liées à l'évolution des différentes formes de violence. 150 MDH consacrés à plus de 1 000 établissements de protection sociale pour 2022 Cette stratégie vise aussi à «éliminer les idées reçues, les pratiques coutumières et les rôles stéréotypés des femmes et des hommes, ce qui permettra l'adoption effective des principes d'égalité par tous les secteurs et toutes les composantes de la société marocaine», notamment par une amélioration des représentations dans les produits audiovisuels, a souligné la ministre dans son exposé. Dans ce sens, le ministère met à disposition un «observatoire national de l'image des femmes dans les médias, dont les missions sont repensées et repositionnées autour de la violence numérique», a encore indiqué la ministre. La lutte contre les stéréotypes passe également par l'éducation à l'égalité et à l'éradication des idées reçues, par l'adoption de programmes prenant en compte la dimension de genre, selon la ministre. Il s'agit aussi de la promotion du rôle de l'école et la participation des élèves dans la réduction des violences envers les filles, par une instruction basée sur le respect et les valeurs citoyennes de droits humains, à travers des activités scolaires dirigées vers ce sens. Dans le même registre, la ministre a prôné une «politique familiale intégrée, solidaire et équitable», le rôle de la famille restant central parmi les axes de cette stratégie. Cette dernière prévoit la sensibilisation de l'entourage familial des apprenants afin de valoriser l'importance du partage équitable des responsabilités entre les hommes et les femmes, ainsi que de l'élimination des violences contre les femmes et les filles. Un renforcement de la prise en charge et de l'autonomisation Dans son exposé, Aawatif Hayar a rappelé que l'article 11 de la loi 103.13 relative à la lutte contre la violence faite aux femmes prévoyait la création de la Commission nationale de prise en charge des femmes victimes de violences, créée en septembre 2019. Cette instance aura un rôle important dans la mise en œuvre de l'axe de protection dans le cadre de la stratégie nationale, notamment dans la centralisation des données et l'accompagnement de la société civile. La structure travaille actuellement sur la préparation de son deuxième rapport, a indiqué la ministre. Maroc : Le Comité CEDAW recommande des avancées égalitaires en arrondissant les angles Pour un accompagnement et une prise en charge des femmes victimes de violence, la stratégie prévoit aussi de renforcer les cellules de service, y compris dans les tribunaux, els département régionaux, les secteurs de la justice et de la santé, ainsi que ceux de la Sûreté nationale et de la gendarmerie. Dans le même sens, les mécanismes de signalement sont également renforcés, par le soutien du ministère de tutelle à la plateforme #Kolonamaak, qui reçoit les appels des femmes et filles victimes et les met directement en relation avec la police, la gendarmerie et le Ministère public. Ce service améliorera aussi l'orientation des femmes victimes vers les services de santé, les centres d'hébergement, d'écoute et les associations partenaires pour bénéficier d'un accompagnement médical, social, psychologique et juridique, en plus de l'utilisation des technologies de géolocalisation pour les interventions nécessaires. «Cette plateforme a permis, à ce jour, la prévention des cas graves associés à diverses formes de violences», a souligné la ministre. Dans une prise en charge intégrée pour une meilleure lutte contre les discriminations et les violences, le service «Jisr» est porté sur l'accompagnement et l'orientation des femmes dans le domaine de l'emploi, de la formation, de la formation professionnelle et de la création de projets générateurs de revenus aux niveaux local et régional, à travers un accompagnement et une médiation dans les différentes étapes du processus.