Le holding royal poursuit sa politique de désengagement dans l'agro-alimentaire. Il vient de vendre ses actions dans le biscuitier Bimo à l'américain Kraft foods. Une cession qui pourrait défricher le terrain au gouvernement Benkirane et suspendre les aides annuelle accordées à ce secteur. Une mesure qui pourrait alléger le fardeau de la caisse de compensation de centaines de millions de dh destinés à des produits qui ne sont pas de première nécessité. Le holding royal se sépare de Bimo, le leader national dans la biscuiterie avec 40% des parts de marché. C'est la société Kraft foods qui hérite des actions de l'ONA-SNI pour une valeur de 1,31 milliard de dh. Désormais, le géant américain détient 100% de Bimo. Une position qui lui confère une place de leadership au Maroc. Ce nouveau désengagement de l'ONA/SNI intervient presque trois mois après la vente de 38% de ses actions au sein de la Centrale laitière à Danone. Une opération qui a couté 500 millions d'euros et a permis au groupe français de porter sa présence dans le tour de table de la Centrale à 67% des parts, devenant, ainsi, l'actionnaire majoritaire. Les cessions de Bimo et de la centrale laitière ont été précédées par une autre très importante, et toujours dans le domaine de l'agro-alimentaire : en février dernier, le holding royal a cédé 41% de Lesieur-Cristal, le premier producteur de l'huile alimentaire au Maroc, à Sofiprotéol, également un groupe français. Le montant de cette transaction était évalué à 130 millions d'euros. Ces trois cessions répondent, en effet, à la nouvelle stratégie du holding royal. Depuis la fusion, mars 2010, entre ONA (Omnium nord-africain) et SNI (société nationale d'investissement), le management s'est fixé de nouveaux objectifs : se désengager progressivement des secteurs de l'alimentation pour se consacrer essentiellement sur de nouvelles niches, au Maroc, en Afrique et ailleurs dans le monde, comme la téléphonie et l'énergie. Des niches bien rentables et qui ont l'avantage d'être à l'abri des regards curieux des journalistes et de certaines associations nationales et internationales soucieuses de pister les investissements du holding royale. La caisse de compensation profitera-t-elle de cette vente Cette vente des actions du holding royal dans Bimo offre au gouvernement Benkirane une aubaine pour reprendre du poile de la bête sur une sujet très sensible : la réforme de la caisse de compensation. En préparation du projet de loi de finance 2013, il pourrait tout simplement décider la suppression des aides que l'Etat verse aux biscuitiers, et ce, depuis 2006. Des subventions que le gouvernement de Abderrahman El Youssoufi, avait suspendu en 1999, arguant que les biscuits et les confiseries ne sont pas des produits de première nécessité. Une décision qui avait permis à l'Etat de gagner, entre 1999 à 2006, plus d'1,2 milliards de dh. Mais c'était sans compter avec la forte pression des industriels qui ont réussi à renverser, en leur faveur, la vapeur. Cette concession du gouvernement Jettou avait donné des raisons d'espoir aux producteurs des boissons gazeuses. Et ils n'ont pas eu tort. Juillet 2009, le gouvernement Abbas El Fassi cède et leur accorde une aide annuelle à ce secteur estimée à 70 millions de dh. La balle est plus que jamais dans le camp de Benkirane pour rectifier les erreurs de ces deux prédécesseurs à la primature.