Après des mois de pressions espagnoles, l'Union européenne accorde une exception à l'application du règlement de la réduction de 50% des émissions de CO2 pour les ports espagnols, qui se disent menacés par Tanger-Med. L'Espagne est satisfaite du soutien de l'Union européenne à ses ports, menacés par la compétitivité du port de Tanger-Med. A la demande du gouvernement espagnol, la mise en place progressive entre 2023 à 2026 du système européen de contrôle et de taxation des émissions de CO2 du transport maritime, comme recommandé la Commission européenne dans un rapport, a été repoussé de quelques années. Le conseil des ministres des Transport de l'UE, tenu jeudi 2 juin à Bruxelles, a «accepté de protéger le port d'Algésiras des terminaux "fantômes" où les compagnies maritimes pourraient accoster pour échapper aux exigences climatiques communautaires, comme c'est le cas des Marocains», se félicite un média ibérique. Pour sa part la ministre des Transports, Raquel Sanchez, a remercié ses homologues européens pour avoir soutenu l'introduction dans le débat d'«éléments fondamentaux» pour l'Espagne. Dans son intervention, elle a demandé à ses pairs d'instaurer des «flexibilités» et des «spécificités géographiques» pour les petites Iles, les zones isolées et les régions ultrapériphériques, indique son département dans un communiqué. L'Espagne menait depuis des mois une campagne de lobbying Des mesures destinées, a-t-elle expliqué, «à protéger la compétitivité des ports (espagnols) et des emplois qu'ils génèrent». Après plusieurs heures de débat et sous la pression du voisin ibérique, l'UE a consenti une exception pour l'application du règlement de réduction de 50% des émissions du CO2 pour les ports des régions ultrapériphériques telles que les Iles Canaries et de 100 % jusqu'en 2030 dans les Iles de moins de 200 000 habitants, comme Ibiza et Minorque. Lors de la réunion du 2 juin à Bruxelles, le gouvernement espagnol a aussi mis l'accent sur «l'importance de réviser ce règlement en 2028 pour intégrer des modifications, concernant l'utilisation de carburants durables ainsi que la gouvernance du processus», ajoute la même source. Pour rappel, un rapport rédigé, en janvier dernier, à la demande de l'Autorité portuaire de la baie d'Algesiras, avait estimé que l'entrée en vigueur de la taxe carbone devrait entrainer la perte de jusqu'à 60% des opérations de transbordement de conteneurs du port d'Algésiras au profit de Tanger Med. Cela devrait mettre en danger environ 1 600 emplois directs et avoir un impact régional indirect plus large allant jusqu'à 4 200 emplois à Algésiras, avait alerté le président de la société publique Ports de l'Etat, Alvaro Rodriguez Dapena. Ces avertissements sont en droite en ligne avec les préoccupations exprimées par le président de l'Autorité portuaire de la baie d'Algesiras, Gerardo Landaluce. «Nous défendons tous la protection de l'environnement, mais nous devons analyser comment elle est légiférée en la matière car nous faisons face à un avenir incertain. Il faut maintenir la concurrence avec Tanger Med à armes égales», avait-il déclaré à la presse, après une réunion avec des représentants de la Commission européenne. Les mesures approuvées lors du conseil des ministres des Transports, le 2 juin, feront l'objet de négociations, cet automne, entre l'UE et le Parlement européen.