Le management du port d'Algésiras a appelé la Commission européenne à considérer cette infrastructure portuaire comme une affaire d'Etat, à l'instar de l'intérêt qu'accordent les autorités marocaines au complexe de Tanger-Med et exige un moratoire dans l'application du Pacte vert. La concurrence est rude entre les deux terminaux géants de la Méditerranée. Les autorités portuaires de la Baie d'Algésiras s'activent frénétiquement pour amender le prochain protocole européen dénommé «Green Deal». Le texte qui devrait conduire à une réduction drastique des émissions de gaz au cours des prochaines années pour positionner l'Europe en tant que continent climatiquement neutre, inquiète les gestionnaires de ce complexe portuaire. Après les europarlementaires et les séances de travail organisées par cet établissement portuaire pour démontrer les conséquences de l'adoption du pacte, le président du directoire de cette infrastructure portuaire multiplie les sorties médiatiques pour sensibiliser la Commission européenne autour des spécificités des «ports du Sud européen», comme défend le management du terminal espagnol. Selon Gerardo Landaluce, si le méga port Tanger Med «est une question d'Etat» pour le Maroc, le sort d'Algésiras devrait autant inquiéter les responsables européens. L'entrée en vigueur de ce pacte qui devrait aboutir à la fin des émissions nettes de gaz à effet de serre d'ici à 2050 impactera fortement le trafic du port andalou. D'où les appels du management de cette infrastructure portuaire à l'allégement des contraintes du nouveau protocole, afin d'éviter une «fuite» du trafic des conteurs vers l'autre rive, pour paraphraser le directeur du port d'Algésiras. De fait, la surtaxation des navires pollueurs qui font escale dans cet établissement, selon le nouveau texte que devraient adopter les instances européennes, est un nouveau coup de massue pour le terminal portuaire andalou. Sur le fil de la compétition, les deux ports livrent le même catalogue de services. Mais c'est le transbordement qui inquiète le plus les gestionnaires du port andalou. Si le Pacte vert n'accorde pas des concessions aux ports dits du Sud, ceux par lesquels les biens et marchandises accèdent au continent européen, la plateforme portuaire risque de perdre sa position en tant que port majeur d'import-export et verra la position de leader, qu'elle dispute à Tanger-Med, malmenée. Pour le moment, le gouvernement espagnol ne s'est pas encore prononcé sur cette question. Il faut dire que la position du cabinet de Pedro Sanchez n'est pas confortable. Son gouvernement a fait de la transition écologique et la promotion des énergies propres son credo durant son mandat . À présent, le terminal andalou enchaîne les remises à niveau pour rénover ses installations vieillissantes et s'adapter aux nouvelles exigences en termes d'usage des énergies propres et la promotion des pratiques moins polluantes. À cet effet, 2,2 M€ ont été déboursés début 2021 pour améliorer les accès aux voitures électriques et rendre plus fluide la mobilité via des véhicules faisant appel à technologie au sein de ce complexe portuaire, afin de séduire les responsables européens et de montrer son engagement à l'adresse des énergies propres. Reste à savoir jusqu'à ou la Commission européenne est-elle prête à aller pour permettre au complexe portuaire d'Algésiras de sauvegarder ses parts de marché et éviter la mainmise marocaine sur le trafic portuaire dans le Détroit. Amal Baba Ali / Les Inspirations ECO