Alors que le Maroc a annoncé son soutien à l'Egypte dans le maintien de sa sécurité hydrique, cette dernière a affirmé sa position en faveur de l'intégrité territoriale du Maroc. Le ministre égyptien des Affaires étrangères, Sameh Shoukry, qui effectue une visite de travail au Maroc les 9 et 10 mai, a affirmé la position de son pays en faveur de l'intégrité territoriale du Maroc et son engagement en faveur d'une solution internationale à la question du Sahara. Dans la déclaration conjointe publiée à l'issue des entretiens tenus hier lundi à Rabat, Sameh Shoukry et son homologue marocain, Nasser Bourita, ont réitéré le soutien à la résolution 2602 du Conseil de sécurité, saluant les efforts sérieux et crédibles du Maroc et visant à avancer vers une solution politique. En échange du soutien de l'Egypte à l'intégrité territoriale du Maroc, Bourita a assuré «le plein soutien du Maroc à la sécurité hydrique de l'Egypte en tant que partie intégrante de la sécurité hydrique arabe, appelant à l'abandon des politiques unilatérales en rapport avec les fleuves internationaux et l'engagement envers le droit international», y compris l'accord de principes signé en 2015 en ce qui concerne le remplissage et l'exploitation du barrage de la Renaissance. Bourita a également souligné «la nécessité pour les parties de coopérer de bonne foi pour parvenir sans délai à un accord juridiquement contraignant sur les règles de remplissage et de fonctionnement conformément à la déclaration présidentielle publiée par le Conseil de sécurité en septembre 2021». Il s'agit de la première visite de Sameh Shoukry au Maroc en sept ans, ce qui ouvre une nouvelle page de coopération entre les deux pays en activant les mécanismes de coopération politique et économique et en renforçant les échanges culturels. Remettre l'eau dans son cours Les relations entre Rabat et Le Caire ont connu des tensions au début de l'année 2015, alors que les médias officiels marocains répondaient aux «provocations médiatiques égyptiennes» sur la question du Sahara, et au rapprochement égypto-algérien, en qualifiant l'actuel président égyptien de «chef du coup d'Etat militaire» l'ex-président Mohamed Morsi comme le «président élu». La tension dans les relations s'est poursuivie. En octobre 2016, des responsables égyptiens ont reçu une délégation du Front Polisario à Charm el-Cheikh, en marge de la réunion conjointe entre le Parlement panafricain et le Parlement arabe. La délégation séparatiste a rencontré le président du Parlement égyptien, ainsi qu'un certain nombre de parlementaires égyptiens. En juillet de la même année, l'Egypte s'est abstenue de signer la pétition portée par 28 pays au chef de l'Union africaine pour exiger la suspension de la participation de la «République arabe sahraouie démocratique» aux activités de l'Union et tous ses organes. Début 2017, l'Egypte a adopté une position ambiguë sur la demande du Maroc de revenir dans l'Union africaine. Mais depuis peu, Le Caire a commencé à tourner le dos à l'Algérie et à se rapprocher du Maroc. En janvier dernier, à l'occasion de la visite au Caire du président algérien Abdelmadjid Tebboune pour rencontrer le président Abdel Fattah El-Sissi, l'ambassadeur d'Egypte à Rabat a déclaré dans des communiqués de presse que son pays soutenait l'intégrité territoriale du Maroc et ne reconnaissait pas la «République» du Polisario. Ces déclarations ont suscité une grande colère parmi les médias algériens, qui ont appelé les autorités du pays à revoir leurs relations avec l'Egypte. L'ambassadeur d'Egypte au Maroc a alors été taxé d'avoir gâché la visite de Tebboune. En plus de la position sur la question du Sahara, la situation s'est rétablie entre le Maroc et l'Egypte à travers la position marocaine sur la crise du barrage de la Renaissance, Rabat exprimant son soutien à la sécurité hydrique égyptienne et appelant à l'abandon de politiques unilatérales. La position marocaine contredit celle de l'Algérie, qui a tenté de revenir sur la scène diplomatique internationale en faisant la médiation entre l'Egypte et l'Ethiopie sur la question du barrage de la Renaissance, confirmant sa neutralité dans le différend, mais échouant dans sa médiation. Il convient de noter que pendant environ dix ans de négociations sur le barrage de la Renaissance, qui a été construit par l'Ethiopie sur le Nil Bleu, les trois pays – l'Ethiopie, le Soudan et l'Egypte – ne sont pas parvenus à un accord sur le processus de remplissage du barrage, et les parts de chaque pays.