La petite île de Badis, officiellement appelée Peñón de Vélez de la Gomera par les Espagnols, a été prise d'assaut, aujourd'hui, mercredi 29 août, par des activistes nationalistes marocains. Ces derniers, conduits par le militant et maire Bni Ansar Yahya Yahya, y ont brandi des drapeaux marocains dans le but de dénoncer la souveraineté des Espagnols sur ce rocher situé en plein territoire marocain. Ce matin, aux alentours de 07h15, sept activistes marocains du Comité pour la libération de Sebta et Mélilia, se sont rendus sur le rocher Peñón de Vélez de la Gomera, communément appelé Badis par les Marocains. Cette presqu'île, située au nord-est du Maroc, à une cinquantaine de kilomètres d'Al Hoceima, d'une superficie avoisinant les 19 000 m², est sous souveraineté espagnole. Ses seuls habitants sont les soldats des Forces régulières espagnoles (Los Regulares), chargés d'assurer sa protection. Pour revendiquer la souveraineté du Maroc sur cette minuscule île, quatre des sept activistes en question ont discrètement escaladé le rocher. Une fois en place, ils ont brandi trois drapeaux marocains, rapporte le quotidien espagnol El Mundo. Les quatre hommes n'ont pas tardé à attirer l'attention des militaires espagnols qui ne s'attendait certainement pas à voir un tel spectacle. «Les soldats espagnols sont venus en sous-vêtements. Nous les avons pris par surprise», se félicite Saïd Chamtri, vice-président du Comité pour la libération de Sebta et Mélilia, interrogé par El Mundo. Nouveau coup de Yahya Yayha Le chef d'orchestre de cet assaut n'est autre que Yahya Yahya. Ce fervent militant marocain, natif de Mélilia, est le président du comité organisateur. Il est, par ailleurs, sénateur au sein de la deuxième chambre du Parlement marocain, maire de la ville de Bni Ansar et co-président de la Commission d'amitié hispano-marocaine. Selon lui, les militants de son comité ont été arrêtés par les soldats espagnols. «Ils ont été menottés et couchés au sol», a-t-il déclaré à El Mundo, affirmant qu'ils ont été transportés par hélicoptère à destination des côtes espagnoles. Saïd Chamtri s'est dit «indigné» par l'arrestation des quatre hommes, d'abord parce que, selon lui, «ils ne faisaient qu'exercer leur droit à la liberté d'expression» et, ensuite, à cause des «mauvaises manières» employées par los Regulares. Cette version a été démentie par la Délégation du gouvernement de Mélilia qui a assuré que ses militaires n'ont pas eu recours à la violence. «La force n'a été employée à aucun moment», a indiqué une source gouvernementale espagnole. Yahya Yayha n'en est pas à son premier «coup». En mai 2011, il avait organisé une manifestation de revendication à proximité des sources de Yasinen, qui fournissent en eaux la ville de Mélilia. Là encore, l'homme avait planté sur place un drapeau marocain. Plusieurs autres actions similaires avaient également été initiées par son comité dans le passé. Il ne compte pas en rester là. Yahya Yahya prévoit de mener d'autres manifestations dans les prochains jours, dans le but de dénoncer la souveraineté de l'Espagne sur ses enclaves situées sur le territoire marocain.