C'est ce qu'on pourrait appeler l'effet post-ramadan. En plus de ne pas boire ni manger, bon nombre de patients atteint de maladies mentales graves ont décidé, contre l'avis de leur psychiatre, d'arrêter leur traitement médical durant le mois sacré encourant de graves risques pour leur santé mais également pour leur entourage. Depuis la fin du mois sacré de ramadan, les psychiatres marocains voient défiler dans leur cabinet certains de leurs patients qui ont arrêté subitement leur traitement médical durant le mois sacré afin de pouvoir mieux s'adonner au jeûne. «Chaque année, après le mois de ramadan, on assiste au même phénomène. Il y a une recrudescence des maladies mentales, non pas à cause d'une nostalgie vécue avec la fin du ramadan mais parce que les patients n'ont pas suivi à la lettre leur traitement ou ont diminué la dose de leurs médicaments sans avis médical», explique Driss Moussaoui, psychiatre depuis une quarantaine d'années et chef du centre psychiatrique universitaire d'Ibn Rochd. «Quand je leur demande s'ils ont arrêté leur traitement durant le mois de ramadan, ils ne vont pas chercher à mentir. Ils me disent en toute honnêteté qu'ils l'ont arrêté», précise-t-il. 350 000 Marocains atteints de schizophrénie Dans cette période post-ramadan, les psychiatres assistent à une recrudescence de maladies telles que la schizophrénie, la dépression, les troubles-bipolaires comme la maniaco-dépression ou encore l'épilepsie. «Pourtant, nous disons bien à nos patients de ne pas interrompre leur traitement pendant le ramadan à cause des risques encourus pour leur état de santé. On les informe. On leur propose mais c'est eux qui disposent !» ajoute Driss Moussaoui. Ainsi l'arrêt soudain d'un traitement médical chez un patient peut avoir des conséquences graves sur son état de santé mais aussi, peut, dans certains cas extrêmes commettre des actes dangereux contre les membres de son entourage ou dans la rue. Par exemple, le psychiatre explique qu'un schizophrène qui n'a pas pris ses médicaments durant une longue durée peut commencer à halluciner. «Ces personnes placent la religion bien avant leur état de santé et pourtant les choses sont claires dans l'Islam. Le Coran dit que quand on est malade, on ne jeune pas mais parfois les gens agissent de manière irresponsable», conclut-il. D'après l'Association Marocaine pour l'Appui, le Lien, l'Initiation des familles des personnes souffrant de troubles psychologiques (Amali), contactée cet après-midi, 1% de la population marocaine est actuellement atteinte de schizophrénie, soit près de 350 000 de Marocains.