Au grand dam de Mosaic Company, les engrais marocains pourraient effectuer un retour en force sur le marché américain. La guerre en Ukraine et des considérations électoralistes aux Etats-Unis jouent en faveur des produits de l'OCP. Une année après la décision des Etats-Unis d'appliquer des droits d'entrée de 20% sur les engrais marocains, plusieurs voix s'élèvent pour réclamer sa suspension, rapporte un média américain. C'est le message porté par 83 membres du Congrès (Sénat et Chambre des représentants), appartenant aux Partis Républicain et Démocrate, dans une lettre adressée à la Commission du Commerce Internationale, relevant du ministère du Commerce. Cette revendication officielle intervient alors que les agriculteurs américains sont préoccupés par «la forte augmentation des coûts des engrais», a déclaré la députée démocrate Cindy Axne. «Les producteurs de l'Iowa sont particulièrement touchés. J'ai même entendu des producteurs envisager de planter moins ce printemps. Avec des prix record et un avenir incertain, j'espère que la Commission du Commerce International répondra aux demandes exprimées par le groupe bipartisan des membres (Congrès) et reconsidérer et suspendre les droits commerciaux qui ont contribué à la hausse des prix», a-t-elle souhaité. Même son de cloche de la part du sénateur républicain Jerry Moran. «La montée en flèche des coûts des intrants, et en particulier les prix record des engrais, nuisent à la capacité des agriculteurs du Kansas à gagner leur vie», a-t-il déploré. Guerre en Ukraine et élections de mi-mandat Bien avant la lettre des parlementaires, un média américain avait constaté, en octobre dernier, que les prix des engrais avaient augmenté de 51% depuis septembre 2020 et noté des «perturbations» dans les chaînes d'approvisionnement de ces produits aux Etats-Unis. Le groupe Mosaic Company, à l'origine de la plainte contre l'OCP pour «concurrence déloyale», a fermé ses usines sous-performantes ou présentant de nombreux cas de Covid-19, affirme la même source. Pour rappel, Mosaic Company avait déposé en juin 2020 une plainte contre ces deux principaux concurrents sur le marché américain, le marocain OCP et le groupe russe PhosAgro. La société américaine avait alors justifié sa démarche par «les importants volumes en provenance du Maroc et de la Russie, subventionnées injustement, et qui causent un préjudice conséquent» pour ses intérêts. En mars 2021, la Commission du Commerce International avait donné raison à Mosaic Company et provoqué, dans la foulée, une baisse des exportations de l'OCP et PhosAgro destinées au marché américain. La lettre des 83 parlementaires intervient dans un contexte géopolitique plutôt favorable à l'OCP. Son principal concurrent sur le marché américain, PhosAgro, est frappé de plein fouet par les mesures prises, notamment par l'Union européenne et les Etats-Unis en représailles à l'invasion de l'Ukraine, décidée le 24 février par le président Vladimir Poutine. D'ailleurs, le ministère russe de l'Industrie a recommandé, le 4 mars, aux producteurs d'engrais russes de suspendre temporairement leurs exportations. «Actuellement, une situation se crée, en raison du sabotage des livraisons par un certain nombre de sociétés de logistique étrangères, les agriculteurs d'Europe et d'autres pays ne peuvent pas recevoir les volumes d'engrais contractuels», a-t-il indiqué dans un communiqué. La missive de cet important groupe des sénateurs et députés est motivée, également, par des considérations électoralistes. L'automne prochain, les Etats-Unis ont rendez-vous avec les élections de mi-mandat. Un scrutin qui verra le renouvellement de l'ensemble des 435 sièges de la Chambre des représentants et le tiers des 100 membres du Sénat.