Elle s'appelle Farida Tahar et est candidate belgo-marocaine aux prochaines élections municipales belges prévues le 14 octobre prochain, à Molenbeek, l'une des communes de Bruxelles. Signe particulier : elle porte le voile. Un détail qui n'a pas échappé à certains médias belges qui se focalisent dessus plutôt que sur son programme électoral. Son affiche électorale rouge vif ne passe pas inaperçue. C'est avec un foulard fushia, légèrement maquillée, décontractée et affichant un grand sourire que Farida Tahar, d'origine marocaine, pose sur ces posters de campagne en vue des prochaines élections municipales belges prévues au mois d'octobre. Sur son compte Facebook, Farida Tahar rappelle qu'elle n'est pas membre du parti socialiste mais qu'elle est candidate indépendante inscrite sur la liste du bourgmestre à Molenbeek, une liste ouverte à plusieurs partis. Elle souligne partager certaines idées politiques du Centre Démocrate Humaniste (CDH), parti centriste belge. Pas question de retirer son voile Farida Tahar est encore très peu connue en Belgique. Elle est assistante sociale et travaille dans le secteur associatif depuis une quinzaine d'années. A ce jour, un seul journal belge s'est intéressé à elle mais de manière assez rapide et maladroite. Dans un article, de la Dernière Heure, datant d'hier, jeudi 23 août, intitulé : «Molenbeek, passion non voilée» le journaliste se focalise plus sur son voile que sur son parcours personnel, professionnel ou encore sur les grandes lignes de son programme électoral, pourtant à deux mois des élections municipales. Sans tourner autour du pot, le journaliste lui demande, si elle compte retirer son voile en cas d'élection. «On verra. Je souhaite poursuivre mon engagement collectif. Le vivre ensemble me tient à cœur. Avec des gens d'horizons diverses. Mais la question m'étonne. J'ai travaillé, voilée, dans le public ; à l'ULB. Ma neutralité se verra dans mon travail, sur le terrain. À partir de là, on l'oubliera, le foulard», a-t-elle répondu, selon le journaliste de la Dernière heure. Néanmoins, au lendemain de la publication de cet article, Farida Tahar s'indigne sur son compte Facebook. Elle explique que ce journaliste n'a pas retranscrit correctement ses déclarations obtenues lors d'un entretien téléphonique, parlant même de «propos imprécis et erronés». «Je précise que mon foulard ne sera pas ôté en cas d'élection au Conseil communal. Cette liberté étant garantie par notre Constitution belge ainsi que par plusieurs instruments juridiques internationaux telle que la CEDH [Cour européenne des droits de l'homme, ndlr]», lance-t-elle fermement sur le réseau social. Porte voix ou étendard ? S'il y a quelqu'un qui connait très bien, Farida Tahar, c'est Ahmed El Khannouss, maire-adjoint de Molenbeek et député parlementaire belgo-marocain, contacté par Yabiladi. Appartenant au CDH, il avoue ne pas partager toutes les opinions politiques que Farida Tahar, mais il n'hésite pas à la couvrir d'éloges. «Farida Tahar vient de la société civile et connait bien le terrain. Elle a fait ses preuves et a mené un travail très intéressant afin de contribuer au rapprochement des cultures», explique-t-il. « C'est une femme qui n'utilise pas son foulard comme un étendard pour faire campagne. Elle a réellement la carrure pour assumer des responsabilités politiques», estime-t-il. Il se réjouit également de voir qu'une femme voilée puisse viser une carrière politique, qui, selon lui, est signe que le milieu politique belge évolue et murit. Néanmoins, Ahmed El Khannouss craint que Farida Tahar ne soit utilisée par certains partis, citant notamment le parti socialiste, pour gagner les voix des musulmans et qu'elle soit, une fois élue, mise au placard parce qu'elle refuse de retirer son voile. «On doit s'intéresser à ce que ces femmes ont dans la tête et n'ont pas ce qu'elles portent sur la tête», insiste-t-il. Il ajoute qu'il se bat depuis plusieurs années pour que les politiciennes voilées de tous bords ne soient pas discriminées au sein des institutions démocratiques belges.