Même en prison, Fouad Belkacem, porte-parole belgo-marocain de la Sharia4Belgium, fait parler de lui. Dernier évènement en date : un élu municipal a refusé de se déplacer à la prison d'Anvers, où il est incarcéré, la semaine dernière, pour le marier. Mais il y a plus grave : Fouad Belkacem risque toujours de se voir retirer sa nationalité belge. Un acte que condamne Ahmed El Khannouss, député parlementaire belge d'origine marocaine. Les autorités belges ne sont pas disposées à faciliter la vie de Fouad Belkacem, porte-parole de la Sharia4Belgium, groupuscule islamiste radical. Alors qu'il est en prison depuis deux mois dans à Anvers pour incitation à la violence suite à un contrôle d'une femme portant le niqab à Bruxelles début juin, l'échevin de l'Etat civil vient de lui refuser la possibilité de se marier en prison avec sa fiancée actuellement enceinte, rapporte le site internet belge 7 sur 7. Tout avait été préparé, vendredi 17 août, à la prison pour marier le couple mais à la dernière minute, l'échevin de l'Etat civil, équivalent d'un élu municipal, ne s'est pas présenté à l'établissement pénitentiaire. Pour ce dernier, si Fouad Belkacem souhaite se marier, il devra le faire directement à la mairie et considère, par ailleurs, qu'il n'a pas à bénéficier de cette mesure d'exception dédiée avant tout à des personnes gravement malades ou condamnées à de longues peines de prison. Fouad Belkacem ne pourra donc se marier qu'une fois sorti de prison dans un mois. Double peine Pour Ahmed El Khannouss, maire-adjoint de Molenbeek et député parlementaire belgo-marocain, contacté ce matin par Yabiladi, il n'y a pas lieu de parler de discrimination dans cette situation car «il a été condamné pour quelques mois seulement. Il peut reporter son mariage à sa sortie de prison», lance Ahmed El Khannouss. Pour le député belgo-marocain, il y a une forme de discrimination bien plus grave que le cas de Fouad Belkacem pourrait déclencher : la ministre de la Justice Annemie Turtelboom veut retirer sa nationalité belge à Fouad Belkacem, alors même que le porte parole de Sharia4Belgium est né en Belgique. «Je suis fermement opposé à ce qu'on mette en place des doubles peines. Il y a une législation dans ce pays qui doit s'appliquer à tous quelles que soient leurs origines», estime Ahmed El Khannouss. Il ajoute comprendre que la justice puisse retirer la nationalité belge à une personne venant de l'acquérir et commettant un crime, mais il est contre le fait de la retirer à quelqu'un né ou ayant grandi en Belgique. Le député belgo-marocain est actuellement en contact avec plusieurs organisations des droits de l'homme belges qui dénoncent, elles aussi, le principe de déchéance de la nationalité. «Je n'hésiterai pas une seule seconde à m'élever pour dénoncer cette déchéance de nationalité à Belkacem même si ce personnage ne m'inspire aucune sympathie. C'est vraiment l'acte en lui-même que je dénoncerai et qui me rappelle certaines lois scélérates du siècle passé qui ne s'appliquent qu'à certaines catégories de la population», poursuit-il. Néanmoins, la ministre de la Justice, Annemie Turtleboom, ne peut pas, à elle seule, décider de cette déchéance de nationalité. Il faut avant tout faire changer la loi. «Il faut passer par une procédure judiciaire, cela risque d'être long et d'être un véritable parcours du combattant», précise Ahmed El Khannouss. Si Fouad Belkacem est déchu de sa nationalité, il pourrait être par la suite extradé vers le Maroc, le pays d'origine de ses parents, où il risque une peine de prison de 8 ans de prison pour trafic de drogue.