La tension est montée d'un cran en fin de semaine dernière à Molenbeek, commune de Bruxelles en Belgique après l'arrestation violente d'une jeune femme portant le niqab par des policiers qui voulaient vérifier son identité. Cette arrestation a fait sortir Sharia4 Belgium de ses gonds. Soutenant la jeune femme, ce groupuscule islamiste radical a appelé au soulèvement contre les autorités belges. Fin de semaine mouvementée à Molenbeek. Jeudi 31 mai, vers les 19h une centaine de personnes, dont de nombreuses femmes portant le voile intégral, ont manifesté devant un commissariat de police de la ville pour soutenir une jeune femme portant le niqab violemment arrêtée un peu plus tôt dans la journée par la police. Une manifestation qui a créé des débordements entre la police et les manifestants. Une quarantaine de policiers sont intervenus, ont encerclé la foule et ont donné des coups aux manifestants. Ils ont également arrêté 9 personnes et un leader de la Sharia4 Belgium, un groupuscule islamiste radical. Des dégâts matériels légers ont été constatés au niveau des portes d'entrées du commissariat et des abri-bus ont été brisés. Vidéo des arrestations de certains manifestants Chiens enragés L'origine de cette tension entre les policiers et la Sharia4 Belgium est le passage à tabac de Stéphanie, une jeune femme convertie à l'Islam et portant le Niqab qui s'est faite contrôlée ce jeudi-là alors qu'elle se trouvait à un arrêt du tram. D'après la police, la jeune femme a refusé de se soumettre au contrôle d'identité et a été emmenée au commissariat. Mais de son côté, la Sharia4 Belgium affirme que la jeune femme a accepté de dévoiler son visage et sa carte d'identité. Lors d'une conférence de presse organisée vendredi et en présence de Fouad Belkacem, le porte-parole du groupuscule, Stéphanie explique avoir donné un coup de tête, puis cassé le nez et deux dents à une policière qui voulait contrôler son identité et ce par légitime défense. Elle a ajouté que 6 policiers ont failli l'étouffer au commissariat. Elle sera par la suite transportée à l'hôpital pour une commotion cérébrale. Durant cette conférence de presse, l'agence de presse Belga précise que la jeune femme n'a pas voulu répondre à toutes les questions et que c'est le porte-parole de la Sharia4 Belgium qui a pris le relais. Fouad Belkacem explique aux médias que les policiers ont ordonné à la jeune femme de retirer son niqab mais qu'elle «a refusé car notre religion interdit de montrer son corps à des mécréants », a-t-il déclaré. «Les policières ont fait venir trois policiers qui ont déchiré son niqab et ses sous-vêtements. Elle a quasiment été étranglée et a tenté de survivre aux serviteurs du diable. Ils sont alors devenus enragés comme des chiens et l'ont menottée. L'un deux a mimé un geste de viol. Elle s'est retrouvée nue devant tout le monde et tous se moquaient d'elle» a-t-il poursuivi. Les musulmans condamnent ce discours de haine Fouad Belkacem s'en est ensuite pris à la société et au gouvernement belges les invitant à aller vivre au pôle nord s'ils n'acceptaient pas la religion musulmane : «Si vous voulez atterrir en enfer comme tous les mécréants, c'est votre problème mais laissez-nous vivre comme nous le voulons. Nous n'avons pas un gramme de respect pour vous, mécréants, ni pour votre façon de vivre. Notre religion et notre mode de vie sont supérieurs aux vôtres». En plus de cette conférence de presse, la RTBF souligne que la Sharia4 Belgium a posté jeudi dernier une vidéo sur Youtube de 11 minutes sur laquelle Fouad Belkacem montre les vêtements déchirés de la jeune femme et s'en prend aux policiers en les comparants à d'"ennemis d'Allah" et de "chiens de Romains". Il appelle les musulmans à se soulever pour préserver leur honneur. Des propos qui ont crée la colère de la ministre belge de l'Intérieur qui les a qualifié «d'inadmissibles» et «d'hallucinants». Joëlle Milquet a promis que la justice ferait son travail pour mieux lutter contre le radicalisme en Belgique. Elle compte par exemple interdire les associations radicales, bloquer les sites internet faisant l'apologie de la violence et de la haine mais aussi durcir les conditions d'obtention de visa. Fouad Belkacem a été au total condamné à 10 fois par la justice belge pour incitation à la haine raciale, menaces et intimidations. Il risque actuellement une peine de deux ans de prison. Il est également menacé de perdre sa nationalité belge. Du côté du reste de la communauté musulmane de Molenbeek, c'est l'inquiétude. Elle craint d'être victime de stigmatisation suite à cette affaire et aux propos radicaux tenus par Fouad Belkacem. «En tant que musulman, j'ai pu rencontrer des membres de ma communauté, d'une manière unanime, ils ne se reconnaissent pas dans ce discours et condamnent toute forme de discours qui émane de ce groupuscule qui incite à la haine et au rejet de l'autre», a déclaré à RTL Info.be Ahmed El Khannouss, député au Parlement bruxellois d'origine marocaine.