Timidement, le gouvernement espagnol marche sur les traces de l'Allemagne sur la question du Sahara occidental. Il vient d'adresser un message en direction du Maroc, qui réclamait au voisin ibérique de la «clarté» sur ce dossier. Est-ce le début d'un changement de la position du gouvernement de coalition de gauche espagnol sur la question du Sahara occidental ? Son ministre des Affaires étrangères, José Manuel Albares, a couvert d'éloges la résolution 2602, adoptée le 29 octobre, par les membres du Conseil de sécurité par 13 voix en sa faveur et les abstentions de la Russie et la Tunisie. «C'est une piste intéressante. Si De Mistura veut suivre cette voie, l'Espagne sera là», s'est-il félicité dans une interview accordée au média Publico. Le chef de la diplomatie a rappelé que son pays fait partie du tour de table du Groupe des amis du Sahara occidental, aux côtés de la France, les Etats-Unis et le Royaume-Uni. «Nous allons tous ensemble et soutenons Staffan de Mistura, mais, surtout, nous ne tenons pas des positions fixes et figées. L'important est que nous mettions fin à ce conflit.» Cette position déclinée par Albares n'est pas sans rappeler celle adoptée récemment par le gouvernement allemand. Le 13 décembre la ministre des Affaires étrangères, Annalena Baerbock, avait assuré, dans un communiqué, que Berlin «soutient l'envoyé personnel dans sa quête d'un résultat politique juste, durable et mutuellement acceptable sur la base de la résolution 2602». Un premier pas... Pour rappel, cett résolution a été vivement condamné par le Polisario. Quant au gouvernement algérien, il a «exprimé son profond regret quant à l'approche fondamentalement déséquilibrée consacrée par ce texte qui manque cruellement de responsabilité et de lucidité du fait du forcing malencontreux de certains des membres influents dudit Conseil». Le Maroc s'est quant à lui félicité de son adoption, d'autant qu'elle «consacre le processus des tables rondes avec ses 4 participants : le Maroc, l'Algérie, la Mauritanie et le "polisario", et ses mêmes modalités, en tant que cadre unique» pour les pourparlers, avait précisé dans des déclarations à la presse le représentant permanent du royaume à l'ONU, l'ambassadeur Omar Hilale. Le Polisario et l'Algérie ont d'ailleurs rejeté le cadre des tables rondes, initié par l'ancien envoyé onusien, l'Allemand Horst Köhler. Contrairement à l'initiative prise par la cheffe de la diplomatie de l'Allemagne, Albares n'a pas encore salué officiellement le plan d'autonomie proposé par le Maroc en 2007. Des considérations internes, liées au maintien de la majorité fragile de Pedro Sanchez, l'empêchent encore de franchir ce pas. La direction du Polisario n'a pas encore réagi officiellement aux éloges d'Albares au texte du Conseil de sécurité du 29 octobre 2021, mais un de ses bras médiatiques a manifesté sa déception. «Le ministre des Affaires étrangères, José Manuel Albares, est favorable à la dernière résolution du Conseil de sécurité sur le Sahara occidental, saluée par le gouvernement marocain et rejetée par le Front Polisario, comme point de départ pour résoudre le conflit», a mentionné froidement la publication en ligne. Si le geste politique espagnol va dans le sens d'un assouplissement de la position de Madrid sur le dossier du Sahara, sera-t-il considéré par Rabat comme suffisant après une année 2021 marquée par l'une des plus grave crise diplomatique entre les deux royaumes.