L'ONG internationale Reporters sans frontières (RSF) a appelé, ce lundi, à la libération du journaliste ouïghour Yidiresi Aishan, ou Idris Hasan, qui risque d'être extradé vers la Chine malgré l'annulation de la «notice rouge» d'Interpol appelant à son arrestation. Dans un communiqué, elle rappelle que les Nations unies ont appelé, le 16 décembre, le gouvernement marocain à suspendre l'extradition vers la Chine de l'activiste ouïghour de 33 ans, invoquant le risque de «violations graves des droits humains», y compris de torture. «Le gouvernement marocain ne peut pas ignorer la motivation politique de la demande d'extradition émise par Pékin et porterait une lourde responsabilité si Yidiresi Aishan était victime d'exactions une fois renvoyé Chine», déclare Cédric Alviani, directeur du bureau Asie de l'Est de RSF, qui appelle le gouvernement marocain à «suspendre son extradition vers la Chine au nom de la dignité humaine et lui permettre de trouver refuge dans le pays de son choix». Yidiresi Aishan, aussi connu sous le nom d'Idris Hasan, un ressortissant chinois né dans la région autonome du Xinjiang, a cofondé en 2016 le périodique Shebnem, destiné à aider les Ouïghours à s'intégrer dans la société turque. RSF et d'autres ONG de défense des droits humains dénoncent depuis des années la recrudescence des «notices rouges» d'Interpol à motivation politique ciblant les dissidents en exil. Depuis le lancement d'une campagne de répression dans la région du Xinjiang en 2014, officiellement «contre le terrorisme», le régime chinois a arrêté 71 journalistes et travailleurs des médias ouïghours, dont Ilham Tohti, lauréat du prix Václav Havel du Conseil de l'Europe et du prix Sakharov du Parlement européen, qui purge actuellement une peine d'emprisonnement à perpétuité pour «séparatisme», rappelle RSF. Le 15 décembre, la Cour de cassation marocaine s'est prononcée en faveur de l'extradition d'Idris Hasan, malgré l'annulation le 2 août de la «notice rouge» d'Interpol en vertu de laquelle il avait été arrêté. L'activiste ouïghour, titulaire d'un permis de séjour humanitaire turc, est détenu au Maroc depuis son arrestation le 19 juillet à l'aéroport de Casablanca suite aux accusations de «terrorisme» par les autorités chinoises.