Pour sensibiliser la communauté éducative aux phénomènes de harcèlement dans le milieu scolaire, une journée de lutte contre le harcèlement est organisée chaque année le 4 novembre. L'occasion de rappeler combien la prévention et la lutte contre le harcèlement et le cyberharcèlement sont fondamentales pour permettre aux élèves d'avoir une scolarité épanouie dans le cadre scolaire. Le Maroc accorde une importance primordiale à la lutte contre la violence en milieu scolaire sous toutes ses formes. C'est un phénomène mondial qui requiert l'engagement de la communauté internationale. Aux côtés de l'UNESCO, de la France et du Mexique, le Maroc lutte contre la violence et le harcèlement à l'école. Ce jeudi 4 novembre, le Maroc a signé la «Déclaration de Campeche contre la violence et le harcèlement à l'école, y compris la cyber-intimidation», après avoir promu l'initiative en 2019. À l'instar des chiffres communiqués par l'UNESCO, le Maroc révèle que le harcèlement scolaire toucherait un élève sur 3 et serait plus important chez les garçons (44% contre 31,6 %). Pour Aymane, ancien élève harcelé, les années de collège ont été un cauchemar : «J'ai toujours été en surpoids. En arrivant au collège, j'ai très vite été repéré par des garçons plus âgés qui m'ont insulté, bousculé et violenté pendant plusieurs années.» Un fléau de l'ombre L'UNESCO définit le harcèlement scolaire comme une violence subie par les élèves de la part de leurs pairs. Il se caractérise par «un comportement intentionnel et agressif survenant de manière répétée dans une situation de déséquilibre de pouvoir, réelle ou perçue. Mais le harcèlement scolaire est un fléau de l'ombre, et ne se fait pas de manière ouverte au milieu de la cour de récréation. Selon Christophe Gachet, directeur de l'école primaire de l'EFI (Ecole Française Internationale) de Casablanca, «le harcèlement sévit dans des moments où l'œil adulte est absent, les protagonistes jouent beaucoup là-dessus, il est donc difficile à repérer». Mais afin de pouvoir prévenir ou intervenir, certaines dispositions sont prises par les établissements scolaires. «Nous avons un dispositif naturel de surveillance et de vigilance au sein de l'école. Les enseignants, les éducateurs, les surveillants ont des consignes précises afin de repérer les élèves à l'écart, mais également les lieux ou peuvent se passer ces phénomènes de harcèlement, comme par exemple les toilettes ou les couloirs», explique Christophe Gachet. Les réseaux sociaux, terrain fertile du cyberharcèlement Dans un rapport publié en 2019, l'UNESCO a fait état de 32% d'enfants dans le monde sont victimes de harcèlement par ses camarades à l'école. Un harcèlement qui ne se manifeste pas seulement dans la cour de l'école mais aussi à la maison via les réseaux sociaux. «J'étais victime dans la cour de récréation en journée et sur les réseaux sociaux le soir. Sur les groupes de classe, on me comparait à des animaux, c'était la pire humiliation», confie Aymane. L'Organisation des Nations Unies estime que le harcèlement scolaire s'est aggravé, notamment sur les réseaux sociaux. En effet, les nombreux confinements et les cours à distance engendrés par la pandémie, ont laissé un terrain fertile aux harceleurs en ligne. Myriam Bahri, directrice générale de l'association Sourire de Reda (venant en aide aux jeunes en souffrance au Maroc), alerte sur le cyberharcèlement : «Le harcèlement en ligne augmente avec le temps passé sur le web. Pendant le confinement, les jeunes ont passé de nombreuses heures sur la toile, ont fait du home-schooling et ont cruellement manqué d'accès aux activités en extérieur.» Le (cyber)-harcèlement peut même parfois mener certains jeunes au suicide. Il est donc d'une d'importance cruciale de pouvoir libérer la parole, prévenir et soutenir. «Dans la mesure où l'élève est harcelé sur son temps scolaire, il est de notre devoir d'intervenir», affirme le directeur de l'école primaire de l'EFI. S'il n'est pas facile de le détecter par le corps enseignant, les harcèlements peuvent être signalés par des tiers. Christophe Gachet explique que «la première chose à faire est de remonter à ce qu'il s'est passé, puis savoir si l'incident est un cas isolé ou s'il est apparenté à un système de harcèlement existant depuis longtemps». Une journée pour libérer la parole La violence et le harcèlement en milieu scolaire, y compris le cyber-harcèlement, sont fréquents et ont un impact néfaste sur le développement des individus et des sociétés. Bien que ces violences ne se produisent pas toujours dans les établissements scolaires, le système éducatif a un rôle important à jouer pour apprendre aux élèves à évoluer en toute sécurité dans l'espace scolaire et numérique. Pour cela, cette journée vise à sensibiliser à l'échelle mondiale au problème de la violence à l'école et en ligne. Elle appelle l'attention des élèves, des parents, des autres membres de la communauté éducative sur ce problème pour les encourager à contribuer à la prévention de la violence en ligne, afin de garantir la sécurité et le bien-être des enfants et des jeunes. Pour cette occasion, l'Ecole Française Internationale de Casablanca met en place des débats animés par les enseignants, des clips vidéos qui retracent un exemple fictif de harcèlement et qui permettent aux enfants de s'exprimer librement à partir d'une histoire qui leur est racontée. Pour Christophe Gachet, «la journée internationale de lutte contre le harcèlement scolaire s'inscrit comme un élément de prévention dans l'établissement, mais cela ne se limite pas à cette journée-là». «Les écoles doivent travailler toute l'année avec des associations sur la lutte contre le harcèlement scolaire, cyberharcèlement et le danger des réseaux sociaux.» Christophe Gachet Dans le cadre de la prévention terrain, l'association Sourire de Reda organise des conférences pour les jeunes, leurs parents et le corps pédagogique dans les écoles pour les aider à mieux identifier les situations de harcèlement et leur donner les ressources et les outils pour se prémunir et se protéger. La journée internationale de lutte contre le harcèlement ne réglera pas le problème à elle seule. Mais elle permet de libérer la parole, briser le tabou et prévenir contre les phénomènes de violences scolaires.