Quelques mois de sursis supplémentaires. Voici ce que la commande de 200 tanks Abrams effectuée par le Maroc au milieu du mois dernier pourrait apporter aux 400 employés de la compagnie américaine Anniston Army Depot. Sur le point d'être limogés en raison d'un affaissement de la demande, ces derniers pourraient en effet bénéficier d'une relance provisoire de l'activité de production. Les détails. Une bouffée d'oxygène. Plusieurs centaines d'employés de la compagnie américaine Anniston Army Depot, dont le limogeage était prévu au 30 septembre prochain, pourrait obtenir un «sursis» grâce à la commande de remise en l'état de 200 chars américains de combat de type Abrams faite par le Maroc au milieu du mois dernier. Passé le 18 juin dernier, ce contrat de renforcement et de remise à niveau des 200 M200 M1A1 tanks acquis par le royaume en 2011 pourrait en effet venir sauver l'emploi des centaines d'employés du dépôt sur la sellette, déclare Shrene Funderburg, la présidente de la fédération américaine des employés gouvernementaux du local 1945. «Nous avons obtenu un nouveau contrat qui devrait nous permettre de garder les employés [d'Anniston Army Depot] jusqu'à Octobre 2013» a-t-elle déclarée dans The Anniston Star. D'un montant de 1,015 milliard de dollars, ce contrat prévoit en effet, outre la rénovation des chars d'assauts, la livraison de nouveaux équipements et de munitions, parmi lesquels 1800 projectiles anti-chars de type HEAT. Il comprend également l'octroi d'un soutien logistique et la formation de soldats marocains à la nouvelle version des chars Abrams. Soit de quoi faire tourner l'entreprise à plein régime pendant plusieurs mois supplémentaires. 400 emplois pourraient être provisoirement sauvés «Nous ne vendons pas que des tanks, des armes ou des munitions, nous vendons également tout ce qui vient avec» souligne Paul Ebner, le chargé des affaires publiques à l'Agence américaine de Coopération en Sécurité et Défense (DSCA). Une offre de services complète et qui devrait donc se traduire par une recrudescence de l'activité de production chez Anniston Army Depot. En janvier dernier, l'entreprise avait annoncé le limogeage de près de 500 de ses employés temporaires et sous CDD en conséquence d'une demande déclinante pour les équipements militaires. Même si incertaine du nombre exact, Funderburg prétend qu'environ 100 employés auraient été licenciés depuis. Les 400 restants pourraient donc bénéficier de la commande effectuée par le Maroc. «Cela signifie que la plupart de ces personnes pourront probablement garder leur travail pendant une plus longue période pour répondre à ces exigences supplémentaires» précise Nathan Hill, liaison militaire à la Chambre de Commerce Calhoun. Ces tanks sont-ils vraiment «neufs» ? L'emploi du conditionnel reste de mise ici. Car avant d'en arriver là, il va falloir que la commande du royaume soit approuvée par le Congrès américain qui a jusqu'au 17 juillet prochain pour passer une résolution contre la vente. Une fois ce délai dépassé, le DSCA pourra enfin finaliser l'accord qui, si approuvé, devrait bénéficier conjointement à Anniston Army Depot et au centre Joint Systems Manufacturing, les deux entreprises qui ont la charge du projet. Le Maroc sera également le troisième bénéficiaire de cette transaction: «ces tanks vont contribuer à l'objectif du Maroc de remettre à niveau son appareil militaire tout en accroissant son interopérabilité avec les Etats-Unis et ses autres alliés» stipule le DSCA dans son communiqué. Parlant de remise-à-niveau, il semble curieux que le Maroc qui a, vraisemblablement, passé commande pour des chars d'assaut derniers cris (le M200 M1A1 est un char troisième génération), demande aux Etats-Unis, moins d'un an après leur acquisition, de les remettre en l'état. Seraient-ce que ces tanks sont de «seconde main», c'est-à-dire issus des stocks constitués par l'armée américaine durant la guerre froide et fournis au Maroc au prix de l'occasion ?