Lorsqu'une météorite tombe sur le sol marocain, elle ne fait pas long feu au royaume avant d'être envoyée à l'étranger pour être analysée ou rachetée afin d'être exposée dans un grand et célèbre musée international. C'est ce qui s'est passée pour la météorite martienne tombée l'été dernier dans le sud marocain (cf notre article). Le Professeur Samir Kadiri, astrophysicien marocain, préférerait que ces météorites restent au Maroc et qu'un musée de météorites voit le jour pour les présenter et informer le public marocain sur leur origine. La météorite de Mars tombée en juillet dernier dans le petit village de Tissint, situé dans le sud marocain à 500 kilomètres d'Agadir refait parler d'elle. Les premiers résultats scientifiques menés sur des fragments de la météorite et dirigés par le professeur Abderrahmane Ibhi, spécialiste des roches terrestres et extraterrestres à l'Université Ibn Zohr à Agadir, ont été publiées dans une revue américaine spécialisée en météorite intitulée «Meteorite, International Magazine for Meteorites and Meteorite Science», rapporte le journal marocain Libération dans son édition de ce mardi 26 juin. Les analyses ont révélé que cette météorite est un fragment de roche arrachée d'un volcan de la planète Mars. Des révélations importantes permettant d'apporter aux spécialistes des informations supplémentaires sur la géologie et la composition du sol de la mystérieuse planète rouge située à des millions de kilomètres de la Terre. Etoile filante Cette météorite martienne tombée sur le sol marocain est une véritable chance pour les experts et spécialistes en météorite, précise le Professeur Samir Kadiri, astrophysicien et enseignant à la faculté des sciences de Rabat, joint cet après-midi par Yabiladi. «70% des météorites qui arrivent sur Terre, tombent dans la mer. Mais rassurez, ces météorites ne choisissent pas de tomber volontairement sur le Maroc ! Elles peuvent tomber n'importe où dans le monde. Pour les retrouver au sol, il faut avant tout les voir arriver sur terre», s'exclame-t-il. Un phénomène qui est plus facile à observer de nuit que de jour car en entrant dans l'atmosphère la nuit, la météorite ressemble à une étoile filante laissant derrière elle une trainée lumineuse. Ensuite, il suffit que quelques témoins assistent à l'arrivée de la météorite sur Terre pour localiser plus facilement le point de chute de la pierre précieuse, comme cela a été le cas avec la météorite martienne Tissint observées par des nomades. Par ailleurs, Samir Kadiri explique que si on retrouve chaque année bon nombre de météorites dans le sud du Maroc, c'est tout simplement parce que c'est une région désertique. «Il est plus facile de trouver des météorites sur le sable dans le désert qu'à Rabat ou Casablanca où elles peuvent ressembler à de vulgaires cailloux. Au moins quand une pierre est trouvée dans le désert, on sait qu'elle a des chances de provenir de l'espace», déclare-t-il. 4 milliards d'années d'histoire spatiale Cependant, ce que déplore le plus l'astrophysicien est que les météorites trouvées sur le sol marocain partent à destination des grands musées à l'international au lieu de rester sur le territoire marocain pour informer le grand public sur leur origine, et qui s'intéresse de près à l'astronomie et aux météorites. «Le Marocain qui va trouver une météorite dans le désert, il va la vendre à un prix symbolique. Il ne va pas prendre conscience qu'il a entre ses mains 4 milliards d'années d'histoire spatiale. Ca ne va pas peser plus sur son portefeuille ! Par contre, elle sera revendue beaucoup plus chère à des musées et organismes de recherche internationaux», lance-t-il. Pour rappel, 30 grammes de la météorite martienne tombée l'été dernier au Maroc se sont négociés entre 11 000 à 22 500 dollars, soit 10 fois le prix de l'or. «Mais que voulez-vous qu'on fasse ici au Maroc ? Il n'y a pas de musée pour exposer ces météorites. L'observatoire de Rabat créé il y a 11 ans va mal. Il ne reçoit aucun financement, ni du ministère de la Culture ni celui du ministère de l'Education. Le gouvernement a supprimé l'année dernière les cours d'astronomie dans les écoles primaires. Malheureusement la culture n'est pas une priorité au Maroc», conclut-il.