Annoncée en grandes pompes, la nomination de Habib El Malki à la tête de la Fondation du festival du cinéma africain de Khouribga a provoqué l'ire de membres organisateurs de ce rendez-vous annuel, le plus ancien du septième art au Maroc. Pour cause, elle vient en remplacement de feu Noureddine Saïl, sans consultation de sa famille. Réuni vendredi en session extraordinaire, le conseil d'administration de la Fondation du festival du cinéma africain de Khouribga a approuvé la nomination de Habib El Malki à la tête de la présidence. Egalement président de la Chambre des représentant et candidat pressenti au prochaines échéances électorales, El Malki veut prendre les commandes de la Fondation, quelques mois après le décès de Noureddine Saïl, le 15 décembre 2020. L'agence de presse MAP a rapporté que lors de cette session, le conseil a salué la contribution exceptionnelle de feu Noureddine Saïl dans la consécration du rôle du festival, tout au long des années de sa tenue. Par ailleurs, le conseil a mis en avant le rôle de feu Saïl en faveur du rayonnement du cinéma africain et de la culture cinématographique. Habib El Malki s'est par ailleurs dit fier d'assumer la présidence en succession à Noureddine Saïl, «grand critique qui a marqué de son empreinte le champs cinématographique national à travers sa pensée, son discours, ses initiatives et son audace». Cependant, la tenue de cette réunion a été critiquée par des membres du conseil eux-mêmes. Révélée sur les réseaux sociaux par la journaliste Nadia Larguet, veuve du défunt, décriée par les proches, les amis ainsi que plusieurs membres du conseil d'administration, la nouvelle nomination aurait été entachée par des irrégularités, notamment au niveau des formalités administratives pour convoquer une réunion en session extraordinaire. Des démissions au sein des membres historiques de l'organisation du festival Sans consultation de la famille de l'ancien directeur du Centre cinématographique marocain (CCM) et de l'ensemble des membres concernés, la nomination en remplacement de Noureddine Saïl a attristé les plus proches, à commencer par Nadia Larguet. Elle a également provoqué des départs au sein des organisateurs historiques et des anciens compagnons de route du défunt. Nommé en 2018 directeur du Festival du cinéma africain de Khouribga, le cinéaste et chorégraphe Lahcen Zinoun a annoncé officiellement sa démission, «par respect pour [son] défunt ami le Maître Noureddine Sail. Productrice cinématographique, Khadija Alami s'est interrogée sur ce que l'on pourrait attendre d'une AGE «qui élit un président d'abord et invite les membres trois jours avant la 'tenue de ladite AGE' à postériori pour qu'ils valident 'leurs choix'». Plus tard, elle annoncera également sa démission de la Fondation. «Les jeux étaient et non sont faits. Ma démission officielle sera transmise par 'WhatsApp', comme la convocation à l'AGE», a-t-elle indiqué sur les réseaux sociaux. Créée en 2009, cette fondation est chargée d'organiser le Festival du cinéma africain de Khouribga. Cette instance a remplacé l'association du festival, créé par Noureddine Saïl en 1977 dans un contexte d'émergence de la culture des cinéclubs au Maroc avec la Fédération nationale de cinéclubs du Maroc, elle-même fondée par Saïl en 1973. Inspirées par les idéaux internationalistes du Troisième Cinéma, les Rencontres cinématographiques de Khouribga qui ont constitué l'embryon du festival ont veillé à s'ancrer dans une large portée africaine et une réflexion panafricaine sur le septième art. C'est ainsi que le rendez-vous annuel s'est développé en Festival du cinéma africain, qui devait tenir sa 23e édition en 2020.