A quelques semaines de la commémoration, le prochain 21 juillet, du 91ème anniversaire de la bataille d'Anoual, un décret royal en Espagne décore collectivement un régiment ayant affronté les troupes de Abdelkrim El Khattabi. En pleine crise économique, la classe politique en Espagne (PP et monarchie) trouve le temps pour se rappeler, à sa manière, la guerre du Rif. Vendredi 1er juin, le gouvernement de Mariano Raojoy adopte un décret royal accordant la Croix Laureada de San Fernando à l'ensemble des membres du régiment des Chasseurs de Alcantara qui avait essuyé une cuisante défaite, 91 ans auparavant, lors de la bataille d'Anoual (21 juillet 1921) face aux troupes d'Abdelkrim El Khattabi. Une leçon pour les guérillas de nombreux mouvements de résistances dans leurs affrontements avec les armées de colonisation. Le journal El Mundo, proche de la droite, estime que cette décoration est la «plus importante» pour les militaires. Une façon pour la droite au pouvoir à Madrid de faire oublier le «désastre d'Anoual». Cette décision de l'équipe Rajoy n'a pas suscité, pour le moment, de vives réactions au Maroc à l'exception du Centre marocain pour la mémoire commune. Quant au gouvernement Benkirane, il semble qu'il a opté pour le silence. L'ONG qualifie, dans un communiqué, la décoration de «provocation envers le Maroc et les Marocains», un «mépris de la douleur» des victimes marocaines et «une glorification de l'esprit colonial». Selon le CMMC, cette initiative vise essentiellement à «politiser l'histoire à des fins politiciennes». Et d'appeler à «traiter les graves violations des droits de l'Homme commises lors de la colonisation espagnol» au Nord du Maroc. Une allusion plus que transparente à l'utilisation massive par l'armée de Madrid de gaz chimiques pour venir à bout des combattants d'Abdelkrim El Khattabi. Par ailleurs, le Centre marocain de la mémoire commune a appelé le gouvernement de Madrid et de Rabat à la création d'une «commission indépendante de vérité et d'équité», formée par des experts des deux pays afin d'enquêter sur «les crimes commis durant l'époque de la colonisation, et ce, pour l'établissement de solides relations entre le Maroc et l'Espagne». Cette décoration n'est pas sans rappeler celle de 2003 du gouvernement de José Maria Aznar, des militaires ayant participé à l'assaut contre l'îlot Leila.