Dans une interview accordée ce matin la Radio espagnole publique, Arancha Gonzalez Laya a admis que l'hospitalisation de Brahim Ghali en Espagne est à l'origine de la «crise migratoire» à Ceuta. «Nous n'avons pas déclenché cette escalade et nous n'allons pas l'alimenter», a-t-elle déclaré. Interrogée sur les voies de dialogue lancées avec le Maroc pour résoudre la crise, la cheffe de diplomatie a indiqué que «tous les canaux sont ouverts», toutefois elle n'a pas souhaité confirmer un rôle du roi Felipe VI dans ces efforts de médiation. Pour rappel, le monarque espagnol avait demandé, lors de sa visite au Maroc de février 2019, au roi Mohammed VI «de renforcer la collaboration afin de freiner l'arrivée de migrants irréguliers en Espagne». Suite à cette intervention, les arrivés de pateras sur les côtes espagnoles en 2019 avaient baissé de 50% par rapport à 2018, selon des chiffres officiels. Arancha Gonzalez a révélé avoir conseillé à l'ambassadrice du Maroc, Karima Benyaich, lors de sa convocation hier, de «regarder vers l'avenir et cela signifie tout d'abord que des événements comme ceux enregistrés dans les dernières heures ne se reproduisent plus». Un signe d'apaisement de sa part accompagné d'un avertissement lancé en direction du royaume : «Mais nous allons être fermes dans la défense de l'intégrité territoriale, de la sécurité et de l'ordre.» C'est d'ailleurs la même position que le chef du gouvernement a défendu tout au long du mardi, d'abord à Madrid et ensuite à Ceuta et Melilla. ? DIRECTO | Entrevista a @AranchaGlezLaya, ministra de @MAECgob "Esta es una situación muy complicada con un vecino al que España quiere y con el que quiere tener la mejor de las relaciones" ▶️ https://t.co/Kn0tESKcsf pic.twitter.com/o6XGBJkEqy — Las Mañanas de RNE (@LasMananas_rne) May 19, 2021 L'Espagne de Pedro Sanchez a désormais les yeux rivés vers l'Union européenne pour lui apporter son soutien dans sa crise ouverte avec le Maroc. Un message que Mme. Gonzalez a martelé lors de cette interview, exhortant l'UE à accorder une attention particulière à la rive Sud de la Méditerranée. «L'Espagne œuvre depuis des années en vue de rapprocher l'Union de son voisinage Sud alors que le voisinage Est a un poids particulier au sein de l'UE, l'Espagne, au même titre que l'Italie et la Grèce, invitent l'Europe à se tourner vers le Sud», souligne la ministre. Un plaidoyer qui n'est pas dénué de calcul politique. «C'est dans ce cadre-là que nous cherchons une solution à la crise avec notre voisin», a-t-elle ajouté. Pour mémoire, le 22 avril, au lendemain de la fuite médiatique concernant l'hospitalisation en catimini de Brahim Ghali en Espagne, Arancha Gonzalez a appelé l'UE à accorder davantage de fonds pour lutter efficacement contre l'immigration irrégulière.