Après de longs mois à attendre une réponse du gouvernement aux appels de détresses lancés par la population de Fnideq, victimes de la fermeture des frontières avec Ceuta, la situation a dégénéré hier soir en affrontements entre manifestants et forces de l'ordre lors d'un sit-in. Fnideq est en ébullition. Hier soir, la colère d'une majorité des habitants qui vivent essentiellement du commerce informel avec Ceuta s'est exprimée par la tenue d'un sit-in «non-autorisé», selon la version officielle, au niveau du boulevard Mohammed V. La participation était au rendez-vous, puisque la fermeture des frontières avec Ceuta a privé des centaines de familles de leur principale source de revenus. Face à ce mouvement de contestation, qui couvait depuis plusieurs mois, les forces de l'ordre ont essayé de disperser le sit-in. Des affrontements se sont ensuivis entre manifestants et policiers. «Lors de cette intervention, certains manifestants ont jeté des pierres sur les éléments des forces publiques, blessant six d'entre eux qui ont dû être évacués à l'hôpital pour recevoir les soins nécessaires», indique un communiqué de la préfecture de M'diq-Fnideq. «Dix personnes on également été transférées à l'hôpital suite à des cas d'évanouissement en raison d'une bousculade parmi les manifestants», ajoute la même source. Pour sa part Al Adl wal Ihsane affirme l'arrestation d'un de ses disciples, Yassine Razine. L'USFP fait état aussi de l'interpellation de Khalil Jebari, membre de son secrétariat provinciale. Les deux organisations réclament la libération immédiate des deux détenus. La wilaya sort de sa léthargie La forte participation au sit-in de vendredi a fini par alerter les autorités. Très tard dans la soirée d'hier, le wali de la région de Tanger-Tétouan-Al Hoceima, Mohamed Mhidia, a présidé au siège de la préfecture M'diq-Fnideq, «une réunion pour le lancement officiel du programme relatif à l'élaboration et la mise en œuvre de mécanismes d'appui et d'accompagnement visant à impulser l'employabilité et promouvoir l'entrepreneuriat au profit des personnes en situation de précarité, notamment les femmes et les jeunes», indique l'Agence pour la promotion et le développement du Nord dans un communiqué. La même source rappelle que «la première phase du programme a été couronnée par le lancement de la mise en œuvre de la première tranche de la zone d'activités économiques à Fnideq, d'une enveloppe budgétaire d'environ 200 millions de dirhams, et qui contribuera sans nul doute au renforcement et à la diversification de l'offre économique sur l'ensemble du territoire». La colère des habitants de Fnideq lourdement frappé par la fermeture des frontières avec Ceuta ne date pas d'hier. Ils ont déjà alerté les autorités et le gouvernement de la précarité de leurs conditions vie, et ce bien avant la pandémie du Covid-19. En effet, les autorités locales avaient interdit la tenue d'un sit-in programmé pour le 1er décembre 2019 à l'appel d'acteurs associatifs pour protester contre «les mauvaises conditions économiques dans la ville». La même interdiction a frappé également la protestation qui était prévu, le 22 septembre 2020 devant le siège de la préfecture de M'Diq-Fnideq à l'appel d'une section syndicale de l'Union marocaine du travail, au motif de «la préservation de l'ordre et de la sécurité générale et de la santé publique». Ce qui s'est passé hier soir à Fnideq risque de se reproduire à Nador. Là aussi, des milliers de familles sont privées de ressources financières à cause de la fermeture de la frontière avec Melilla. Des appels à manifester ont été aussi étouffés par les autorités locales.