C'est une première depuis 24 ans. La France a viré à gauche hier dimanche 6 mai avec l'élection de François Hollande à la présidence française. La dernière fois que le parti de la rose logeait à l'Elysée, c'était en 1981 avec François Miterrand. Comme au premier tour, les habitants des banlieues ont été nombreux à se déplacer pour voter et une grande partie a voté pour le candidat socialiste. François Hollande est devenu hier le septième président de la Vème République. N'affichant pas un score exceptionnel, le candidat socialiste a battu Nicolas Sarkozy avec 51.62% des voix contre 48.38% pour le candidat de droite. Un résultat très serré qui s'est joué à près d'un million de voix. Au niveau de la répartition géographique, Sarkozy a bénéficié des voix des Français expatriés à l'étranger. Plus de 236 000 de ces Français ont voté à droite contre 209 000 pour la gauche. En revanche, Hollande a reçu un soutient massif de la part des quartiers populaires français, un vote qui a su marquer la différence. Inoubliables émeutes de 2005 D'après Salem Fkire, président de l'association CAP Sud MRE, si les banlieues se sont tant mobilisées, c'était surtout pour éjecter le candidat Sarkozy. A Mantes-la Jolie, une commune de droite, 67% des habitants ont voté pour Hollande et 33% pour Sarkozy, alors qu'en 2007, lors du second tour des présidentielles, 40.4% des habitants avaient voté Sarkozy (contre près de 60% pour Ségolène Royal.). Sarkozy a également perdu des points à Mantes-la-ville. 57.4% des habitants ont choisi Hollande et 42.5% Sarkozy alors que ce dernier avait battu de justesse Royal, 50.1% contre 49.99% pour la socialiste. Même son de cloche à Trappes. 73% de la population est allée voter. 77% a voté gauche, 23% à droite. Mais ce qui surprend encore plus Salem, ce sont les résultats des Mureaux dans les Yvelines, commune où ont éclaté les émeutes de 2005. 70% des habitants ont voté pour Hollande contre 29.5% pour Sarkozy. «Les jeunes qui ont vécu les émeutes de 2005 avaient à cette époque 15-16 ans et Nicolas Sarkozy était à l'époque ministre de l'Intérieur. Aujourd'hui, ces jeunes ont à peu près 22 ans et ce sont eux qui ont massivement voté pour faire barrage à Sarkozy. Ce n'est qu'un retour de bâton du discours stigmatisant de Sarkozy. Pourtant ces jeunes se désintéressaient complètement de la politique auparavant», explique Salem Fkire ajoutant qu'il déplore également que les médias français ne se soient pas assez focalisés sur les résultats de vote dans les banlieues. Les barbus qui votaient Sarkozy Dans la ville de Lyon, c'est également Hollande qui a fait sensation avec 53.1% des suffrages contre 46.8% pour Sarkozy alors qu'au premier tour, les deux candidats étaient à égalité. Là encore, c'est la mobilisation des banlieues qui a pesé dans la balance. A Vénissieux par exemple situé dans la banlieue sud de Lyon, 53.1% des habitants de la commune ont voté pour Hollande et 46.8% pour Sarkozy. Néanmoins, Azzedine Benelkadi, militant socialiste depuis 20 ans nuance. «Dans d'autres quartiers de banlieues, j'ai vu que c'était partagé. J'ai rencontré des barbus qui m'ont dit qu'ils avaient voté pour Sarkozy parce qu'ils ont été séduit par son discours franc et plus sincère à leurs yeux que celui des socialistes. Ils n'ont pas apprécié la loi sur les nounous voilées passée par les socialistes il y a plusieurs mois et craignent que les socialistes cachent leur jeu», déclare Azzedine. Le militant socialiste a également rencontré des Français d'origine maghrébine, qui ont un bon travail, mènent une vie confortable et qui ont voté également Sarkozy. «Les Arabes de chez nous [de France] dès qu'ils commencent à gagner de l'argent, ils votent à droite parce qu'ils ne veulent pas payer trop d'impôts. Lorsque vous avez 80% des smicards gaulois qui votent Hollande, vous avez également 80% des smicards arabes qui vont voter Hollande. Cela vous montre qu'on est comme tout le monde et qu'on est bel et bien intégré dans la société française», ajoute-t-il.