Lorsqu'un gouvernement ne compte qu'une seule femme ministre, comme c'est le cas aujourd'hui au Maroc, avec Bassima Hakkaoui, tous ses moindres faits et gestes sont scrutés à la loupe. Tous les regards se braquent sur elle pour savoir comment elle s'exprime, se comporte en public et comment elle est habillée. Yabiladi a voulu savoir si Bassima Hakkaoui représentait vraiment l'élégance à la marocaine. Eléments de réponse avec une professionnelle de la mode, une journaliste de presse féminine et une féministe. Du 23 au 27 avril prochain, Bassima Hakkaoui, ministre de la solidarité, de la femme et de la famille va s'envoler pour Strasbourg pour assister à des rencontres qui auront lieu au Conseil de l'Europe. Différents thèmes seront abordés et notamment l'égalité homme-femmes dans le contexte du printemps arabe. Il s'agit là de la première grande sortie internationale de la ministre depuis sa nomination au sein du gouvernement PJD de Benkirane. La ministre va s'exprimer sur la condition actuelle de la femme marocaine. Mais Bassima Hakkaoui saura-t-elle représentée la femme marocaine réputée pour son élégance ? Austère et antipathique Pour Zineb Diouri, présidente de l'Association Marocaine des Créateurs de mode, Bassima Hakkaoui ne représente pas toutes les Marocaines de part sa tenue vestimentaire. «Bassima Hakkaoui porte des vêtements vus sous un angle tellement utilitaire que toute élégance et style sont écartés. On a l'impression qu'elle considère la mode futile et sans intérêt», lance-t-elle. «Bien entendu, on ne lui demande pas de suivre les dernières tendances de la mode mais Madame la Ministre oublie que cultiver un style élégant et discret envoie un message positif de sérénité, de perfectionnisme et d'ouverture d'esprit. Porter des tenues dépareillées, sans cohérence avec la situation, c'est envoyer un message d'austérité, d'antipathie et de désorganisation.», poursuit-elle. Zineb Diouri insiste également sur le fait que certaines femmes arabes ont su marier religion, sobriété et élégance. C'est le cas de l'épouse de l'émir du Qatar qui porte le turban, un turban qui est devenue sa véritable marque de fabrique et que les femmes occidentales n'ont pas hésité à adopter comme accessoire dans leurs tenues quotidiennes. Couleurs dépareillées «Bassima Hakkaoui n'est pas si élégante que ça mais elle ne porte pas non plus une tenue vestimentaire qui choque», affirme Khouloud Kebbali, journaliste chez le mensuel féminin Citadine. «Elle ne représente pas toutes les Marocaines mais elle peut représenter le Maroc sans qu'on ait honte de sa tenue vestimentaire. Elle n'est pas extrémiste dans sa tenue, c'est-à-dire qu'elle ne porte pas de burqas ou de gants. A mes yeux, elle porte une tenue correcte et sobre. Par contre ce que je lui reproche est de porter des foulards qui n'ont rien à voir avec la couleur du reste de l'habit», ajoute Khouloud. L'habit ne fait pas le moine Du côté des féministes, l'habit ne fait pas le moine. «Pour moi, sa tenue vestimentaire m'est bien égale. Elle s'habille comme elle veut du moment qu'elle n'impose pas un style vestimentaire et son voile à toutes les Marocaines», déclare Rhizlaine Bénachir, présidente de l'association Jossour forum des femmes marocaines. «La question importante à se poser est que va-t-elle faire ces prochains mois en tant que ministre pour améliorer la condition de la femme marocaine. J'ai été extrêmement déçue et choquée par ses propos tenues dans le dossier d'Amina Filali. Ce qui m'intéresse le plus est de savoir ce qu'elle va faire de l'article 475, sur la question de l'avortement, sur l'application de l'égalité homme-femme.», conclut Rhizlaine Bénachir.