Fathallah Oualalou et Rhizlaine Benachir ont animé, mardi soir à Casablanca, une conférence-débat sur la position de l'USFP face aux enjeux politiques actuels. Enseignement majeur, les dirigeants du parti semblent dormir sur les lauriers de leur gloire d'antan. Le centre culturel d'Anfa a accueilli, mardi à 18h, une rencontre animée par Fathallah Oualalou, maire de Rabat et ancien ministre des finances, et Rhizlaine Benachir, présidente de l'association féminine Joussour. Tous deux membres de l'USFP, ils ont, une heure et demie durant, exposé la situation de leur parti à quelques semaines du scrutin législatif. Projet, stratégie, et vision prospective étaient les trois principaux sujets de discussion consacrés lors de cette rencontre. Sauf que la majeur partie de l'exposé de Fathallah Oualalou a été axée sur le passé militant du parti ainsi que sur ses réalisations depuis sa participation au gouvernement d'alternance. Rhizlaine Benachir quant à elle, s'est plutôt focalisée sur ses ambitions électorales, notamment sa future présentation dans la circonscription de Khemisset, sa ville natale. Concernant la fameuse alliance créée par huit partis autour du RNI, les dirigeants socialistes ont évité le sujet. «Nous laissons à l'opinion publique le droit de juger cette coalition », a d'ailleurs formulé Oualalou. Pourtant, nombre de membres de la Koutla parient sur la disparition de cette coalition avant même la tenue des législatives. Dans une salle à moitié vide, l'assistance était composée d'une majorité de femmes, tandis que Khalid Hariri, membre de l'USFP, n'a pas souhaité faire de déclaration, ce qui était pourtant à l'ordre du jour. Ne se sentant pas à l'aise quant à la situation politique que vit le Royaume, Hariri a sans doute préféré garder ses distances vis-à-vis de la stratégie suivie par son parti. «J'ai feuilleté pas mal de journaux aujourd'hui, je n'ai trouvé, à aucun moment, ni projet , ni idée », déplore ce membre du parti de la Rose. Fathallah Oualalou, membre du bureau politique de l'USFP « Notre programme sera en adéquation avec notre identité » Vous avez surtout parlé du passé de votre parti, mais vous n'avez pas dit grand chose sur l'avenir. Où en est votre programme à quelques semaines du scrutin décisif ? Nous ne sommes pas encore entrés dans la campagne électorale. Par conséquent, nous sommes en train de préparer notre programme. Nous présenterons les personnes et le programme au moment adéquat. Mais ce sur quoi j'insiste, et ce dont je peux vous assurer, c'est que notre programme sera fait en totale adéquation avec l'identité de notre parti: nationalisme, démocratie, socialisme et progressisme. Notre programme fera aussi de la politique, son cheval de bataille. En d'autres termes, nous avons comme objectif de réhabiliter la politique. Nous considérons que la réforme constitutionnelle est une introduction à la réforme politique. Au niveau économique, nous avons comme objectif la consolidation et la diversification de l'économie marocaine, ce dernier point est très important. Nous devrons de même respecter les équilibres macro-économiques pour ne pas mener notre pays à une quelconque dérive. Vous avez été ministre des Finances. Face à la crise budgétaire à laquelle fait face notre pays, une réforme fiscale globale ne serait-elle pas la bienvenue ? Moi, je suis toujours pour qu'on travaille annuellement pour adapter notre fiscalité, nécessairement dans deux sens, qui ne sont pas contradictoires : plus d'efficacité pour permettre plus de croissance et plus d'emploi pour plus de solidarité. Heureusement, dans le monde arabe, la fiscalité marocaine est de loin, je dis bien de loin, la plus moderne, entre autres par ce que nous n'avons pas de pétrole. Ne croyez pas que la fiscalité va changer les conditions globales de l'évolution de notre économie. N'oublions pas que nous sommes 32 millions d'habitants et nous n'avons que 4 millions de contribuables. Ce n'est donc pas énorme. L'essentiel vient des grandes entreprises publiques (OCP, Maroc Télécom, etc). Notre cas est alors bien différent de celui des pays développés, et la notion de réforme fiscale n'est pas nécessairement adaptable dans tous les pays de la même manière. À la limite, cela veut dire – tout en travaillant dans le sens de la réforme pour notamment encourager tel ou tel secteur- qu'il est impératif d'élargir l'assiette fiscale. Sans agrandir l'assiette, nous ne pouvons pas parler réellement de politique fiscale, car malheureusement, il y a deux Maroc. Vous parlez souvent d'une bonne interprétation et application de la Constitution. Cela veut-il dire que la Constitution n'est pas assez claire ? Même dans un pays démocratique comme la France, la Constitution en cas de cohabitation n'est pas appliquée de la même manière que lorsqu'il n'y a pas de cohabitation. Avec Sarkozy, même le premier ministre n'existe pas. Donc la lecture et l'application sont importantes, et chez nous elles le sont davantage. Ce qui est important c'est que nous avons un bon texte, dans lequel la séparation des pouvoirs a été consacrée. Il y est dit que le gouvernement a des pouvoirs exécutifs et qu'il doit prendre ses responsabilités, sans oublier que le Parlement a plus de prérogatives. La Justice doit être indépendante. L'égalité entre les sexes et les droits de l'Homme ont été mis en avant. Pas n'importe quel gouvernement peut appliquer de la meilleure manière qui soit la Constitution, et c'est ça le principal enjeu de ces élections.