Cet été, la politique de restriction des visas adoptée par la France est apparue au grand jour, du fait de la concentration des demandes de visas, et du nombre de refus opposés par les services consulaires français. En 2020, année Covid, près de 100.000 visas avait été délivrés pour la France, contre 30.000 en 2021, et la chute continue, ce qui laisse penser que la décision de « punir » collectivement les Marocains pour une mésentente entre les deux pays avait été prise avant son annonce officielle en septembre 2021. Comment procèdent les consulats français pour respecter la baisse de 50% des visas accordés ? La réponse est en partie apportée par Middleeasteye : « Les consulats coupent le robinet dès qu'ils constatent qu'ils ont atteint le quota de 50 % fixé par le gouvernement. Les autres dossiers sont systématiquement rejetés. Parfois, quand aucun motif ne peut justifier le refus, le dossier est tout simplement reporté ». Cela a ouvert la porte à toutes formes d'injustice, copieusement rapportées sur les réseaux sociaux : des parents empêchés d'accompagner leurs enfants inscrits dans les universités françaises, des malades privés de leurs soins en France, des médecins et autres professionnels privés de droit de participer à des congrès ou des rencontres, des familles privées de la possibilité d'assister à des événements heureux, ou pas, en France, des touristes priés d'aller ailleurs… Un chanteur n'a pu aller chanter à Sète, avant de le pouvoir, finalement, ce qui a donné lieu à un tweet maladroit (encore un) de l'ambassadrice de France à Rabat, laquelle s'est attirée les foudres des internautes, creusant encore plus l'écart déjà grand qui s'est créé entre la France et les Marocains. Alors les questions se posent, les exigences surgissent, le tout de plus en plus insistant : Pourquoi pas la réciprocité du visa ? De quel droit les chancelleries obligent-elles les Marocains à fournir leurs données personnelles à un tiers privé ? Pourquoi continuer à vouloir aller en France, et même apprendre le français aux jeunes générations ? Pourquoi les consulats ou leurs sociétés privées ne remboursent-ils pas les frais de visas pour les dossiers rejetés ?... Et c'est cette dernière question qui a éveillé l'attention de la Fédération marocaine des droits du consommateur, laquelle adresse un courrier à l'Ambassadrice de France, lui réclamant le remboursement des frais des dossiers rejetés, pour service non fait, tout en insistant sur le fait que ladite société privée n'a pas le droit de détenir les données personnelles des citoyens marocains. A ce niveau, c'est l'Etat marocain qui est directement interpelé pour agir dans cette direction. En effet, et alors que les demandeurs de visas s'expriment avec une virulence croissante sur les réseaux, on constate le silence des autorités marocaines. A la rentrée, on peut supposer que ces questions seront soulevées au parlement, et que le ministère des Affaires étrangères sera interpelé sur plusieurs questions : Comment le Maroc répondra-t-il à cette politique de punition collective de Paris à l'encontre des Marocains ? Comment encadrer le travail des sociétés privées chargées de recueillir les dossiers et comment s'assurer de la protection des données personnelles ? Dans quelle mesure faudrait-il rembourser les frais des dossiers refusés ? La réciprocité ?... Peut-être que, dans l'intervalle, le Maroc aura-t-il droit à un autre tweet, tout aussi maladroit, de l'Ambassadrice de France, qui en a désormais l'habitude ?...