Quatre jours après le chaos autour du Stade de France, au nord de Paris, deux ministres français s'expliquent devant le Sénat, dominé par la droite, sur les incidents qui ont perturbé la finale de la Ligue des champions. Les ministres de l'Intérieur Gérald Darmanin et des Sports Amélie Oudéa-Castéra seront entendus pendant deux heures par les commissions des Lois et de la Culture à partir de 17H00 (15H00 GMT). Dans un communiqué commun, les présidents de ces deux commissions ont jugé "important" mardi "de s'assurer que toutes les leçons de cette soirée (étaient) tirées rapidement pour rassurer le monde sur la capacité de la France à accueillir de grands événements". Bousculades, tentatives d'intrusion d'individus sans billet, supporteurs - dont des enfants - sous le choc d'une intervention des forces de l'ordre ou victimes de vols : la prestigieuse finale européenne, remportée samedi par le Real Madrid contre Liverpool (1-0), a été marquée par des scènes de tohu-bohu autour du Stade de France, sans faire de blessé grave. Depuis, l'affaire a pris un tour très politique et interroge sur la capacité française à organiser des événements sportifs majeurs à un an du Mondial-2023 de rugby et à deux ans des Jeux olympiques à Paris. La vive controverse porte sur le dispositif de maintien de l'ordre en marge de ce match. Le président du club de Liverpool Tom Werner a fait part dans un courrier de son indignation à Amélie Oudéa-Castéra, après ses propos et ceux de Gérald Darmanin, selon lesquels les supporteurs britanniques seraient en grande partie responsables des incidents, avec une "fraude massive, industrielle et organisée de faux billets". "Vos commentaires sont irresponsables, peu professionnels et totalement irrespectueux", a écrit Tom Werner dans son courrier, dont le quotidien Liverpool Echo a obtenu une copie. Mardi, la ministre des Sports a ouvert la porte à un début de mea culpa: "On a des supporters de Liverpool qui étaient tout à fait en règle, dont soit la soirée a été gâchée, soit certains n'ont pas pu assister à ce match, et là on leur doit clairement des excuses". Pour autant, les chiffres avancés par le gouvernement français restent très critiqués, en France comme outre-Manche. Selon les autorités françaises, 30.000 à 40.000 supporters anglais se sont retrouvés au Stade de France, sans billet ou avec des billets falsifiés, ce qui aurait causé un engorgement massif, des débordements et une intervention des forces de l'ordre. La FFF et l'UEFA ont elles évalué à "2.800" le nombre "de faux billets scannés" samedi, selon des sources proches du dossier, confirmant une information de RMC Sports.