Les acteurs du secteur avicole marocain, toujours dans l'impasse en raison de la crise persistante du nouveau coronavirus (Covid-19), se trouvent face à l'envolée des prix des aliments composés pour volailles. Mais comment arrêter l'hémorragie ? Cette situation trouve son origine notamment dans la hausse des prix des matières premières, dont le maïs et le soja qui ont vu leurs cours augmenter significativement pour atteindre des plus hauts. "La hausse des prix des aliments vient s'ajouter aux problèmes du secteur avicole. Cette hausse provient essentiellement de l'envolée des cours de certains intrants à l'international comme le soja et le mais. En cause, la diminution des exportations de l'Argentine, dont la production a souffert de la sécheresse", a expliqué Abderrahmane Ryadi, Secrétaire générale de l'Association nationale des producteurs des viandes de volailles (APV). Il s'agit aussi du retour en force de la demande de la Chine sur le marché international de mais et de soja, ainsi que des spéculations boursières, a soutenu M. Ryadi dans une déclaration à la MAP. Il a, dans ce sens, souligné que les éleveurs souffrent énormément de cette hausse des prix. "Les usines sont obligées d'augmenter le prix. Le coût d'achat de trois tonnes en août dernier est actuellement équivalent à seulement deux tonnes. Cette charge supplémentaire est à la fin supportée par les éleveurs qui subissent de plein fouet cette hausse des prix", a-t-il précisé. Ainsi, la pression va augmenter sur ces éleveurs pour honorer leurs engagements durant cette période de crise, a averti le Secrétaire général de l'APV, estimant que les différents acteurs du secteur doivent se partager les dégâts pour pouvoir résister à cette crise. "Pour pouvoir couvrir cette nouvelle charge, il faut réduire la production afin de permettre aux prix de repartir à la hausse. Il n'y a pas une autre solution", a-t-dit. Et de poursuivre que "cette réduction doit être bien réfléchie et non pas aléatoire et ce, pour éviter la forte volatilité qui ne profite ni aux producteurs, ni aux éleveurs, ni même aux consommateurs". Il s'agit "d'un compromis" et ce, dans l'attente de la mise en place au niveau du marché national de mécanismes à même de pouvoir gérer ces variations sur les marchés internationaux des intrants, a-t-il fait remarquer. L'aviculture, une crise structurelle Certes, la crise sanitaire liée au Covid-19 a pesé lourdement sur la demande provenant de l'écosystème entourant l'aviculture (restauration, hôtellerie, événementiel, etc), mais le secteur fait face à une crise structurelle qui date de plusieurs années et nécessite des mesures concrètes. La loi de l'offre et de la demande n'est pas toujours respectée. D'ailleurs, c'était le cas lorsque la demande s'est effondrée, alors que l'offre a gardé son niveau. Résultat: Chute des prix et pertes colossales obligeant les producteurs à réduire drastiquement leur rythme, ce qui a par la suite engendré une forte hausse des prix. "Depuis plus d'une décennie, le secteur avicole souffre d'une crise structurelle qui a été aggravée par le Covid-19", a indiqué M. Ryadi, déplorant l'absence d'un système qui régule la production. "Nous sommes souvent dans le cas d'une surproduction ou une sous-production, ce qui constitue un obstacle majeur pour l'investissement au regard du manque d'une visibilité claire", a-t-il noté, ajoutant que cette année, avec la crise du Covid-19, l'offre s'est contractée davantage pour pallier la chute de la demande. Le secteur avicole est considéré comme l'une des activités agricoles les plus dynamiques au Maroc. Ses produits sont consommés par l'ensemble de la population et constituent une source importante de protéines d'origine animale. En 2019, le secteur avicole moderne a produit 732.000 tonnes de viandes de volaille et 6,1 milliards d'œufs de consommation, soit un chiffre d'affaires de 32,5 milliards de dirhams (MMDH), avec 160.000 emplois directs et 370.000 emplois indirects, d'après les chiffres de la Fédération interprofessionnelle du secteur avicole au Maroc (FISA). Côté consommation, les viandes de volaille ont atteint 22,1 Kg/hab/an, tandis que les œufs 195 unités/hab/an. Pour ce qui est du secteur avicole traditionnel, il a produit 50.000 tonnes de viandes de volaille et 800 millions œufs de consommation.