Les jeunes, qui seraient les plus exposés aux effets de la crise sanitaire actuelle sur les plans aussi bien social qu'économique, ont plus que jamais besoin de réponses « efficaces » et « proactives » pour un meilleur accès notamment à l'éducation et à l'emploi, ont relevé, jeudi, les participants à un webinaire sur « les défis de l'emploi en Afrique du Nord en temps de covid-19 ». Intervenant lors de cette rencontre à distance, organisée conjointement par le Policy Center for the New South (PCNS) et le Fonds Monétaire International (FMI), Jihad Azour, directeur du Département Moyen-Orient et Asie centrale au Fonds monétaire international (FMI), a souligné d'emblée la complexité de la crise sanitaire et ses répercussions socio-économiques sur cette frange de la société notamment dans la région de l'Afrique du Nord. Il a appelé à élargir l'espace d'action pour les pays de la région à même de permettre à toutes les forces agissantes de collaborer avec comme seul souci, apporter des « réponses efficaces » aux problématiques de l'emploi des jeunes, particulièrement durant la période post-coronavirus. En outre, M. Azour a mis en avant le partenariat bilatéral « important » qui lie le FMI avec les pays du Maghreb, mettant particulièrement en relief la coopération historique tissée entre le Maroc et le Fonds, caractérisée à la fois par un soutien financier, ainsi qu'un appui aux réformes et aux différentes opportunités qu'offrent l'économie du Royaume. Le responsable a également plaidé pour des réformes à même d'améliorer l'attractivité des économies ainsi que pour une intégration entre les pays de la région, et entre celle-ci et les deux continents africain et européen, saluant « la rapidité » avec laquelle les économies de la région se sont ajustées en termes de productivité pour satisfaire les nouveaux besoins des populations durant cette crise. Pour sa part, Karim El Aynaoui, Président du PCNS a mis en exergue « les enjeux partagés » inhérents à cette crise sanitaire avec comme toile de fonds cette « grande incertitude » qui met les jeunes du monde entier, et notamment issus de la région dans une « situation complexe » et « inquiétante ». Il a, à cet égard, mis en évidence « le potentiel extraordinaire » de l'enseignement à distance et du Mooc (Massive Open Online Course) notamment durant cette période, citant ses avantages et ses bénéfices en faveur des jeunes notamment en termes d'accès au savoir international et d'amélioration de la qualité d'échanges. Néanmoins, M. El Aynaoui a insisté sur la nécessité de faire adapter le modèle de régulation de l'éducation de sorte à lui ouvrir des voies vers la formation continue, outre le traitement des questions des inégalités en termes d'accès à ce type de formation. Il a particulièrement jeté la lumière sur l'importance du data et des outils de pilotage dans la gestion notamment du secteur informel, ainsi que leur capacité à apporter de « bonnes réponses » aux problématiques de l'emploi. Le président du PCNS est aussi pour la promotion du dialogue avec les jeunes et leur mise à contribution dans la prise de décisions. Dans la foulée, Nour Kaabi, Directrice Exécutive, de « Jamaity », plateforme de la société civile tunisienne, a appelé à traiter la question des inégalités en Tunisie selon « une approche multidimensionnelle » qui tient compte à la fois du principe de l'égalité des chances, de la question genre et des conditions d'accès à la santé et à l'éducation. « Je trouve que les jeunes qui vont subir le plus les conséquences de cette crise à moyen et long terme », a estimé Mme Kaabi, ajoutant que cette crise pourrait être « porteuse d'espoir », mais à condition qu'elle soit accompagnée d'un système économique « juste » et « équitable » avec une éducation de qualité, un respect des droits économiques et sociaux et où les jeunes sont érigés en co-décideurs dans l'action publique et politique. Elle a dans ce sens plaidé pour des réponses « proactives » s'inscrivant dans la durabilité aux différentes problématiques de la jeunesse. S'agissant du rôle de l'espace civique dans la gestion de la crise, Mme Kaabi a préconisé le renforcement des capacités de acteurs de la société civile, car « si ceux-ci ne sont pas bien formés et encadrés », il peuvent devenir « des véhicules de la pandémie ». Par ailleurs, elle a invité les jeunes entrepreneurs à mieux évaluer les risques durant les premières étapes de conception de leurs projets et à tenir compte de l'aspect innovation pour satisfaire au mieux les besoins de la population même en temps de crise.