La BNRM, c'est la Bibliothèque nationale du Royaume du Maroc, un titre volontairement pompeux pour une institution prestigieuse… La BNRM est la mémoire du pays et le sanctuaire de sa production littéraire, historique, scientifique… Elle collecte, archive, entretient les œuvres et ouvrages relevant du patrimoine du Maroc. La BNRM vient de changer de directeur, après 15 mois de gestion intérimaire méritante d'Abdelilah Tahani. Jusque-là, c'était ce dernier, directeur de la Communication au sein du ministère du même nom, et grand commis de l'Etat, qui dirigeait l'institution, après le départ de l'ancien directeur Driss Khrouz, fin 2016, du poste de directeur, resté en déshérence pendant plusieurs mois, pour cause de blocage gouvernemental. Puis le cabinet Elotmani a été constitué et Mohamed Laâraj (au centre sur la photo) a été désigné pour prendre les rênes du ministère de la Com', à laquelle a été ajoutée la Culture. Et la BNRM dépend de ce département. Alor le ministre a décidé, après quelques mois de réflexion et de prospection, de nommer Abdelilah Tahani (à droite sur la photo) à cette fonction aussi prestigieuse que délicate et sensible. Veiller sur le patrimoine national n'est pas une mince affaire. Il y faut beaucoup d'enthousiasme, une grande dose de culture, et surtout une très solide connaissance des arcanes administratifs. C'était le cas de M. Tahani, qui a pris sur lui de prendre toute une série de mesures, allant de l'achat d'ouvrages au suréquipement de l'institution, de la formation à la conservation des ouvrages anciens à la réorganisation de la BNRM, et finissant par l'aboutissement du chantier du grand projet du nouveau statut des quelques 200 fonctionnaires qui travaillent à la Bibliothèque. En effet, quand Driss Khrouz est parti, le poste de directeur de la BNRM est resté vacant longtemps, très longtemps, trop longtemps. Les esprits des employés de l'institution se sont alors crispés, les nerfs se sont tendus et l'ambiance devenait de plus en plus délétère. Ainsi, de grève en sit-in, de protestation en contestation, la situation au sein de la BNRM devenait intenable, d'où la nomination en urgence de M. Tahani pour calmer les choses et les ramener à leur cours normal. Ce qui fut fait au moyen d'un dialogue social soutenu entre direction et personnel. Abdelilah Tahani ne s'est pas arrêté en si bon chemin… Tout en gérant sa direction au ministère, il a multiplié les conventions et partenariats entre Bibliothèque et d'autres institutions. Et le must dans cette affaire est que le directeur par intérim, étant intérimaire, n'a pas été rémunéré pour son travail à la tête de la BNRM où il s'est dépensé sans compter. Une responsable proche, et désirant être discrète, de M. Tahani précise qu'Abdelilah Tahani, pourtant proche de sa retraite, n'a rien demandé et n'a rien reçu, n'a pas demandé à être titularisé et ne l'a pas été. Mais alors, pourquoi justement ne pas l'avoir confirmé à son poste ? La même source répond que « l'administration ne place pas les gens où ils souhaitent être, mais où ils sont utiles, ce qui est dommage » ; Sans doute la politique est-elle passée par là… En effet, le nouveau promu à la fonction de directeur est le Pr Mohamed el Ferrane (à gauche), ci-devant Directeur de l'Institut des Etudes et des Recherches pour l'Arabisation à l'université Mohammed V de Rabat. Le nouveau patron de la BNRM est très certainement chargé d'un bagage culturel important, mais on ne trouve pas de grande documentation sur son parcours, ni sur sa maîtrise des arcanes administratifs et des secrets du fonctionnement d'une institution abritant un million d'ouvrages. Nous lui souhaitons bon courage tout de même pour apprendre vite… Quant à Abdelilah Tahani, mission accomplie à la BRNM, il retrouvera sa direction de la Communication où il officie depuis 10 ans, gérant le monde mystérieux et étrange, complexe et compliqué du journalisme. Il a en charge l'aspect administratif des médias nationaux et internationaux et c'est lui que l'on retrouve à la manœuvre quand le pays est attaqué, et il l'est de plus en plus. C'est peut-être, selon un cadre du ministère, parce qu'il a su se rendre indispensable à la Communication, dans l'attente de la très difficile et encore plus problématique mise en place du Conseil national de la presse, qu'il n'a pas été confirmé à la BNRM, bien qu'il ait conduit, 15 mois durant et avec succès, ses deux missions. La cérémonie d'adieu organisée par les dizaines de cadres de la BNRM en fait foi…