Cela couvait depuis longtemps, exactement depuis que le président du RNI Aziz Akhannouch avait opposé son veto à une entrée de son parti, et de ses alliés, dans un gouvernement où siègerait l'Istiqlal de Chabat. Depuis, le patron de l'Istiqlal va de mal en pis, et il est aujourd'hui poursuivi par l'Intérieur. Alors, il a dégainé contre Aziz Akhannouch, avec la grâce d'un éléphant titubant dans un magasin de porcelaine.. Au début du weekend, à Fès, Chabat avait expliqué que lui et les siens œuvraient pour le pays, alors même que d'autres chefs de partis amassaient des fortunes. « Je peux vous dire que vous tous réunis, voire même l'ensemble des Marocains, je dis bien le peuple, si vous mettiez en commun toutes vos richesses, vous n'atteindriez pas celle du président du RNI. Tous autant que vous êtes, 30 millions de Marocains, vous n'y arriverez pas ! 1,750 milliard d'euros, de dollars… 1.500 stations Afriquia… Et il paie aujourd'hui des journalistes pour s'immiscer dans les affaires internes de l'Istiqlal ! ». Une attaque en règle, alors même que chacun sait qu'Akhannouch est le patron du groupe Akwa de distribution de gaz et de carburants, un groupe qui a su prospérer avec le temps. Et voilà que Hamid Chabat remet ça à Kenitra, dimanche 12 février… « Quand j'ai dit ce que j'ai dit à Fès sur Ssi Akhannouch, j'ai commencé à recevoir des coups de fils de gens parlant en son nom… Non, on ne veut pas vous approcher, Ssi Akhannouch, on vous respectait même… malgré et malgré et malgré… mais qui profite de la subvention des produits de première nécessité ? Qui prend l'argent du gaz butane ? 13 milliards de DH, rien que pour le gaz… Ssi Akhannouch a imposé au chef du gouvernement de ne pas verser des aides aux pauvres pour le gaz… ces gens sont contre les pauvres dans cette nation, et il y en a 30 millions, de ces pauvres… »… En clair, Akhannouch a empoché les 13 milliards de DH destinés aux pauvres… A ce niveau, c'est le tribunal de Nuremberg qui devrait rouvrir ses portes… Jusque-là, Akhannouch n'a pas répondu à ces attaques, en dehors d'un communiqué mis en ligne sur le site du RNI, revenant sur ces accusations contre les personnes et ses travestissements de l'Histoire du pays, et déclarant se réserver le droit de répondre en temps opportun, et de la manière qu'il jugera utile. C'est toutefois le groupement des pétroliers du Maroc (GPM) qui est monté au créneau ce 13 février pour dénoncer « des propos tendant à diffuser de la désinformation et à induire l'opinion publique en erreur ». Le communiqué du GPM ajoute que, « au cœur du terrain et connecté en permanence avec la réalité du secteur », il tient à exprimer « son étonnement face à ces déclarations aussi inexactes qu'ignorantes » et à préciser que « M. Hamid Chabat, en avançant des informations complètement fausses sur la subvention de l'Etat au gaz butane, induit en erreur l'opinion publique et démontre un manque de maîtrise flagrant de tous les principes de Compensation ». Hamid Chabat a le don ces derniers temps de se mettre tout le monde à dos, jusques-y compris le secrétaire général du PJD et chef du gouvernement désigné Abdelilah Benkirane, puis la diplomatie, puis l'Intérieur, puis ses propres cadres, et aussi les icônes de l'Istiqlal, et la Mauritanie, et enfin le bon sens et l'intelligence… Quelqu'un pourra-t-il le faire taire, un jour, M. Chabat ? Quelqu'un pourra-t-il sauver l'Istiqlal et le faire renaître de ses décombres ?