C'est ce qui transparaît des discussions et concertations qui vont bon train aujourd'hui, après la rencontre entre le chef du gouvernement désigné Abdelilah Benkirane et Aziz Akhannouch, président du RNI. Celui-ci avait indiqué à la sortie de sa réunion avec le premier qu'il avait reçu une offre et qu'il allait en discuter avec ses partenaires de l'UC et du MP. Mais une confidence, comme chacun sait, ne tient plus dès lors qu'elle est partagée par plus que deux personnes… et cela a été le cas. De fait, on sait dans les grandes lignes ce que Benkirane a proposé à Akhannouch, en l'occurrence la reconduction de la majorité sortante composée du PJD, du PPS, du RNI et du MP. Et cela a été clairement confirmé par le secrétaire général du PPS, Nabil Benabdallah, qui a aussi rencontré Benkirane, lequel a également eu une entrevue avec Mohand Laenser du MP dans le courant de cette journée du 4 janvier. Le chef du RNI devra donc convaincre le secrétaire général de l'UC Mohamed Sajid de figurer dans la majorité parlementaire, mais pas dans le gouvernement. Sajid ne devrait pas trop insister, conscient du petit poids de son petit parti. Quant à l'USFP, il semblerait qu'il y ait eu unanimité au sein des instances dirigeantes du PJD de ne pas la voir siéger au gouvernement. Benkirane et ses pairs n'ont pas apprécié la volatilité de Driss Lachgar qui, après avoir dit oui au gouvernement, mi-octobre, est revenu en arrière, quelques jours après, avant de redire oui, en novembre, puis d'hésiter, encore aujourd'hui. Il restera donc dans l'opposition. Là où cela change est que les partis formant la majorité gouvernementale seront plus nombreux que ceux qui seront admis au gouvernement. En effet, la majorité gouvernementale sera formée du PJD (125 sièges), de l'Istiqlal (46), du RNI/UC (groupe fusionné de 37+19), du MP (27) et du PPS (12), soit 268 sièges. Très largement confortable, pour une majorité absolue requise de 198 élus. Benkirane aura réussi donc deux choses : 1/ Faire perdre trois mois et énormément de visibilité à l'économie marocaine, avec une année qui s'annonce pourtant bonne sur le plan de la pluviométrie, une croissance estimée à plus de 4% en 2017, et la finance participative qui arrive ; 2/ Se créer une majorité parlementaire qui, pour soutenir le gouvernement, sera cacophonique, car on y retrouvera alors le RNI et l'Istiqlal. Or, Chabat est secrétaire général pour encore au moins trois mois, et il sera très certainement amené à rencontrer Akhannouch. Il existe peu de chances que les choses se passent bien… C'est ce qui explique, globalement, cette terrible phrase contenue dans le communiqué du Secrétariat général du PJD : "Les deux partis, PJD et Istiqlal, sont convaincus que le service de la nation requiert le positionnement là où l'Histoire le retiendra et pas nécessairement au gouvernement, ou ailleurs"... Mais la même Histoire retiendra aussi de Benkirane que pour avoir voulu plus qu'il ne pouvait avoir, plus qu'il n'a reçu mandat électoral à avoir, il aura gelé les institutions du pays durant plus de trois mois, car le gouvernement n'est pas encore formé. On comprend donc pourquoi il avait la mine si renfrognée hier, au sortir de son secrétariat général. Signe des temps : pas un mot de tout cela sur le site pjd.ma !