C'est une honte pour le gouvernement de l'Etat marocain d'utiliser ses pénitenciers et prisons pour y enfermer plus de 3.000 malades mentaux. C'est une infamie pour la justice d'affirmer l'irresponsabilité pénale pour tant de suspects et d'ensuite ordonner leur mise sous écrou dans les prisons. C'est une ignominie pour le ministère de la Santé de considérer les prisons comme des « centres de Bouya Omar » sans même s'enquérir de leur état et des conditions d'hygiène qui y règnent. C'est un déshonneur pour le ministère de la Justice d'assister, passif, à l'incapacité de ses magistrats du parquet et de ses juges d'application des peines, tout ce monde optant pour la politique de l'autruche, se taisant sur ce crime d'Etat consistant à séquestrer des personnes atteintes de pathologies permanentes dans leurs oubliettes des pénitenciers. C'est une flétrissure pour l'Administration pénitentiaire d'accepter de recevoir des malades mentaux pénalement irresponsables de leurs actes, alors même qu'elle sait que les prisons sont à l'origine et en principe des lieux de détention pour les condamnés, pour les personnes en instance de jugement et pour les individus ayant fait l'objet d'une contrainte par corps… qu'elle sait également que les lieux de détention servent à la requalification, à la formation, à l'éducation ou à la réinsertion sociale, mais en aucun cas elles ne doivent être les lieux où sont enfermés des malades mentaux ; car les prisons ne sont ni des hôpitaux ni des centres de soins, auquel cas il faudrait ouvrir les portes du pénitencier aux millions de malades pour les y faire bénéficier des traitements médicaux miraculeux y prodigués par des médecins tout aussi providentiels. Face à cette problématique, l'Etat, le gouvernement, la justice et l'administration des prisons sont des institutions complices de « crimes de torture et de traitements inhumains » infligés à des milliers de malades mentaux qui croupissent en dehors de toute légalité dans leurs geôles. L'Etat, le gouvernement et les services de justice violent chaque jour et depuis des années la convention contre la torture, signée par le Maroc, et ont opté par leur volonté politique, judiciaire et administrative à « emprisonner des personnes atteintes de pathologies mentales au lieu de les envoyer dans des centres spécialisés y recevoir les soins adéquats à leurs états », foulant ainsi aux pieds les bonnes pratiques à l'égard d'êtres humains relégués au rang d'animaux à leurs yeux, ne méritant que la mort lente entre les quatre murs d'une cellule. Les personnes mentalement atteintes dans les prisons marocaines sont concernées par l'article 1 de la convention contre la torture, par les dispositions de l'article 321 du Code pénal, par l'article 3 de la convention européenne des droits de l'Homme tel qu'entériné par la Cour européenne des droits de l'Homme dans ses célèbres arrêtés. Mais ces personnes incarcérées sont les victimes de ceux qui refusent de mettre en application ces articles et conventions. Je vous exhorte à mettre fin, immédiatement, à ce crime, ce scandale, cette absurdité, cette sinistre farce, cette légèreté… ou tout ce que vous souhaitez entendre comme termes. Car tout cela constitue une catastrophe humanitaire, tout cela implique une pratique amorale et illégale, tout cela concerne et qualifie la situation de citoyens souffrant sous votre égide, en exécution de vos ordres, en conséquence de votre négligence à leur égard, de votre vengeance au sein de l'Etat et de son gouvernement… contrairement au droit à la santé, à la sécurité physique et mentale, à l'interdiction de la torture et à toutes les dispositions et à l'esprit de la constitution et des règles de droit international en matière de droits humains. Il m'appartient également, en ma qualité de citoyen, d'attirer l'attention du souverain de ce pays sur le caractère non-légal de la séquestration de ces personnes dans les prisons, sur la gravité de leur état de santé, sur la dégradation du niveau des soins à eux prodigués et sur le refus d'assumer leurs responsabilités par le gouvernement, le ministère de la Justice, le ministère de la Santé, en plus de l'inattention quant à leur état par la Fondation Mohammed VI et aussi par les commissions de contrôle régionales, tant sur le plan judiciaire que d'autres… Le paradoxe grandit quand les gens dotés de raison se montrent incapables face à ceux qui ne peuvent agir avec leur raison. Les premiers sont incapables malgré leur liberté et les autres sont libres dans les espaces de leur détention. Je vous laisse donc à vos chimères et à vos pouvoirs et, tous les jours, tous les ans, toutes les fêtes, l'Etat, le gouvernement et leurs différents et nombreux pouvoirs lèvent leurs verres et se délectent de la situation de malades mentaux dans ces « paradis » pénitentiaires. Les prisonniers malades mentaux sont des êtres humains et nul ne peut leur retirer ou les priver leur humanité. A partir de là, il est du devoir des partis et des ONG civiles et de défense des droits de défendre ces prisonniers, ces êtres humains, pour leur assurer les plus sacrés des droits, à savoir le droit à la santé, le droit de ne pas être exposé aux traitements dégradants et inhumains, pour ne pas les laisser sombrer dans l'holocauste de l'oubli.