Mardi était un super mardi, dans tous les sens du terme pour les deux prétendants à l'investiture de leurs partis pour la course à la Maison Blanche, la démocrate Hillary Cllinton et le républicain Donald Trump. Une douzaine d'Etats ont élu hier les délégués de chacun des deux candidats, qui ont écrasé leurs adversaires. Côté républicain, le Super Tuesday s'est transformé en « Super Trumpday ». Le milliardaire a remporté 7 Etats sur 11: Géorgie, Alabama, Massachusetts, Tennessee, Virginie, Arkansas, Vermont. Il a même flirté avec les 50% dans le Massachussetts, et il a drainé encore plus de participation dans des primaires, plutôt atones en 2012. Trump devrait terminer à 275 délégués, soit environ un quart du total dont il a besoin pour remporter l'investiture. « J'ai des millions et des millions de personnes (derrière moi), le match n'est même pas serré », a lancé le désormais grand favori à l'investiture républicaine, dans un discours au ton plus consensuel qu'à l'habitude où il a tendu la main à certains de ses rivaux. Dans son camp, en effet, les responsables commencent à s'interroger sur l'opportunité d'une victoire de Trump. Son rival malheureux Ted Cruz a déclaré que « si Donald Trump remporte l'investiture, nous allons perdre le Sénat, perdre face à Hillary Clinton et perdre la Cour suprême pour une génération ». Un sondage CNN appuie cette prophétie, confirmant que Hillary Clinton et Bernie Sanders l'emporteraient l'un comme l'autre en cas de duel face au milliardaire. Chez les Démocrates, Hillary Clinton triomphe également… elle a remporté 7 Etats contre 4 à Bernie Sanders, s'adjugeant entre 80 et 90% des voix de l'électorat noir dans les Etats du Sud. Mais le sénateur du Vermont conserve intacte sa base d'électeurs parmi les jeunes démocrates, avec plus de 70% de leurs suffrages. Il a déclaré poursuivre sa campagne jusqu'à la convention démocrate au début de l'été ; il en a les moyens mais peut-être pas l'énergie car, à 74 ans, il est apparu épuisé hier soir à l'issue de ce super mardi. Dans la course aux délégués, Clinton creuse l'écart, à environ 550 contre 350 à Sanders. Surtout, avec l'aide des « Super délégués », ces cadres du parti qui la soutiennent à une majorité écrasante ; elle se trouve autour de 1.000 contre 370 à Sanders. Elle a donc fait presque la moitié du chemin, alors qu'il faut un peu plus de 2.000 délégués pour décrocher la nomination. Cela étant, les voix commencent à s'élever contre celui qui menace de faire imploser le parti républicain. Le rival républicain malheureux de Barack Obama en 2008, John McCain, a jugé « inquiétant » le niveau du débat dans son camp, appelant de ses vœux une campagne présidentielle « qui ne se concentre pas sur la taille des oreilles des gens » ou « leurs problèmes de transpiration ». Reflétant la perplexité de nombre de dirigeants occidentaux face à la montée en puissance de Donald Trump, le ministre allemand des Affaires étrangères, Frank-Walter Steinmeier, en visite à Washington, s'est invité dans le débat politique américain. « Construire des murs est une très mauvaise idée, peu importe qui les finance », a-t-il lancé, dénonçant « les politiques de la peur (...) dangereuses pour l'Europe comme pour les Etats-Unis ». On reproche à Trump son côté rugueux, son retweet d'une citation de Mussolini, son refus de condamner le Ku Klux Klan, ses attaques contre migrants hispaniques et les musulmans et ses insultes contre ses rivaux.