L'adoption du Pacte mondial pour des migrations sûres, ordonnées et régulières des Nations unies, les 10 et 11 décembre à Marrakech, en présence de plus de 150 pays, ouvre une nouvelle ère dans le traitement de l'immigration irrégulière qui a occasionné plus de 17.000 morts et disparus dans la Méditerranée, depuis 2014. Si une dizaine de pays –principalement les pays d'Europe centrale, la République Tchèque, la Slovaquie, l'Autriche et Israël, la Pologne, l'Australie, la Bulgarie, la République dominicaine, les Etats-Unis – ont rejeté ce texte qui vise à mieux encadrer le phénomène migratoire et à aider les migrants, le « Pacte de Marrakech », un événement planétaire salué par tous les pays signataires, a surtout mis en lumière la grande implication du Maroc et confirmé son statut de leader africain de la migration. En accueillant le Pacte mondial pour des migrations sûres, ordonnées et régulières, le Maroc prend la pleine mesure de son leadership sur la question migratoire en Afrique. Faut-il rappeler que, dans un contexte de durcissement des politiques migratoires en Europe, en Amérique du Nord, et même dans certains pays d'Afrique tels que l'Algérie et l'Afrique du Sud, le Maroc, conformément aux orientations royales, a mis en place, depuis 2013, une nouvelle politique d'immigration et d'asile à visage humain et respectueuse des droits des migrants. Cette politique a permis la régularisation de plus de 50.000 immigrés et encouragé de nombreux candidats à l'immigration clandestine à renoncer à leur projet et à construire une vie dans le Royaume. « Le Maroc, grâce à la politique innovante, et surtout humaniste, de Sa Majesté le Roi Mohammed VI, a entrepris une nouvelle politique de migration, il y a moins de cinq ans, qui consiste à trouver des solutions, ayant pour base principale la dignité, pour tous les immigrés vivant au Maroc, en majorité des Africains, mais également du Moyen-Orient (5.000 syrien) et même de l'Asie », rappelait récemment Rachid Agassim, ambassadeur du Maroc en République démocratique du Congo (RDC), au cours d'une interview accordée au quotidien congolais Forum des AS. Et comme l'a souligné le diplomate, «à ce jour, grâce à cette politique, plus de 50.000 personnes ont pu régulariser leur situation (...) c'est un chiffre notable par rapport aux moyens dont dispose le Maroc. Pour les spécialistes de la question, il s'agit là d'un vrai geste de solidarité, de partage et d'humanisme », s'est-il félicité. Un Observatoire africain des migrations Le Royaume du Maroc et l'Union africaine ont signé, le lundi 10 décembre à Marrakech, en marge de la conférence intergouvernementale sur la migration, un accord de siège de l'Observatoire Africain des migrations, proposé en 2017 par Sa Majesté le Roi Mohammed VI, le Souverain étant très impliqué concernant la question de la migration en afrique. Selon l'accord paraphé par Nasser Bourita, ministre des Affaires étrangères et de la Coopération internationale, et Moussa Faki, président de la Commission de l'Union africaine (UA), l'observatoire qui sera basé à Rabat, et dont la mission est fondée sur le triptyque « comprendre, anticiper et agir », devra collecter les informations et développer leur échange ainsi que de faciliter la coordination entre les pays africains sur la question migratoire. A l'occasion de la signature de cet accord, le président de l'union africaine a appelé les Africains à plus d'engagement pour trouver des solutions au phénomène de la migration qui touche le continent : « Il est temps que les Africains gèrent par eux-mêmes cette question », a-t-il encouragé. Rappelant par ailleurs que « l'essentiel de la migration est intra-africaine. 80% du flux migratoire se passe à l'intérieur du Continent » et que « la jeunesse africaine n'a pas vocation à quitter l'Afrique, c'est elle qui doit construire ce Continent », il a appelé tous les Etats africains « à créer les conditions pour l'épanouissement de leur jeunesse à l'intérieur de l'Afrique ». A travers cette déclaration, le Président en exercice de l'UA rejoint la position défendue par Sa Majesté le Roi Mohammed VI, qui se veut porteur d'une vision africaine de la question migratoire. En effet, dans son discours adressé le 3 juillet 2018, au 29e somment des Chefs d'Etat et de gouvernement de l'Union africaine, il avait souligné la nécessité de « modifier nos perceptions face à la migration, de l'aborder, non comme une contrainte ou une menace, mais comme une force positive». L'Afrique ne sera pasl'objet du Pacte mondial, elle en sera un acteur central Dans le message adressé par Sa Majesté le Roi Mohammed VI, dont lecture a été donnée par le Chef du Gouvernement Saad Eddine El Othmani, le 10 décembre, à l'ouverture du Pacte de Marrakech, le Souverain a invité tous les pays à s'unir autour de la question de la migration. En effet, selon lui : « aucun pays ne peut, à lui seul, faire face à ces enjeux ! ». Mais au-delà, le Roi a surtout porté le message de la détermination d'une Afrique qui « répond d'ores et déjà présente! », qui « n'entend pas être en marge » de l'appel à l'action qu'implique la Conférence de Marrakech, dont elle sera « un acteur central », a-t-il indiqué. Et tout en rappelant que l'intérêt du Royaume sur la question migratoire « n'est ni récent, ni circonstanciel », l'hôte de la Conférence a révélé que la Vision du Maroc « c'est d'anticiper l'avenir, pour construire une mobilité ordonnée ». Un engagement reconnu et salué par l'Organisation des Nations unies Dans un communiqué de l'organisation internationale, Louise Arbour, Représentante spéciale du Secrétaire général de l'ONU pour les migrations internationales et Secrétaire générale de la conférence de Marrakech, a salué les actions du Maroc visant à créer un « environnement d'inspiration » pour la mise en oeuvre d'un « des projets les plus importants de notre génération ». Déjà au mois de juin 2018, Jean-Paul Cavaliéri, Représentant au Royaume du Haut-Commissariat des Nations unies pour les réfugiés (UNHCR), avait salué, à Rabat, la stratégie nationale d'immigration adoptée par le Maroc qui a permis à «plus de 50.000 personnes, en provenance d'une trentaine de pays, notamment la Syrie, le Yémen, la RD Congo, l'Irak et la Palestine » de trouver refuge au Maroc et de bénéficier « de la liberté de mouvement dans l'ensemble du territoire ». A cette occasion, il avait, par ailleurs, souligné l'importance du rôle constructif assuré par le Royaume, au cours des négociations lancées par l'ONU sur les migrations, en prélude à la signature du Pacte mondial sur les migrations.