Les risques macroéconomiques restent globalement modérés dans une conjoncture internationale porteuse d'incertitudes, a affirmé Bank Al-Maghrib (BAM). « Dans une conjoncture internationale porteuse d'incertitudes (persistance des tensions commerciales et géopolitiques, montée du protectionnisme, inquiétudes entourant le Brexit, volatilité des marchés), les risques macroéconomiques restent globalement modérés », indique BAM dans un communiqué publié à l'issue de la 8ème réunion du Comité de coordination et de surveillance des risques systémiques (CCSRS), tenue mardi à Rabat. Sur le plan des comptes extérieurs, il ressort de cette réunion destinée à analyser la cartographie des risques pesant sur le système financier, que le déficit du compte courant, après un creusement en 2018 à 4,4% du PIB, devrait s'alléger progressivement sur l'horizon de prévision et les réserves internationales nettes continueraient à assurer plus que 5 mois d'importations de biens et services. S'agissant de la croissance économique, le comité prévoit un ralentissement en 2018 à 3,3% après 4,1% en 2017, sous l'effet de la décélération de la valeur ajoutée agricole et de la lente reprise des activités non agricoles, ces dernières ne retrouvant pas encore leur croissance d'avant-crise. Au niveau des finances publiques, le déficit budgétaire devrait se creuser en 2018 pour s'établir à 3,7% du PIB et continuerait, selon les prévisions de Bank Al-Maghrib, d'évoluer autour de ce niveau à moyen terme, souligne la même source. Par ailleurs, BAM constate que dans un contexte de lente reprise de l'activité non agricole, le crédit bancaire destiné au secteur non financier a poursuivi sa décélération, particulièrement pour les concours accordés aux entreprises non financières (ENF) aussi bien privées que publiques. Le taux des créances en souffrance des ENF, quoiqu'en légère baisse, affiche encore un niveau élevé, signale-t-on. Pour autant, note Bank Al-Maghrib, le secteur bancaire est parvenu à dégager au titre du premier semestre 2018 un résultat net en hausse recouvrant principalement un accroissement du produit net bancaire conjugué à une amélioration du solde du résultat non courant. Les banques continuent, par ailleurs, de dégager des ratios de solvabilité supérieurs aux minimas réglementaires et s'avèrent résilientes aux stress-tests simulant une détérioration des conditions macroéconomiques. Elles demeurent, néanmoins, exposées aux risques de concentration et de taux d'intérêt qui font, pour leur part, l'objet d'un suivi particulier. Pour ce qui est du secteur des assurances, il continue de faire preuve de solidité, indique le communiqué, faisant remarquer que sur le plan prudentiel, les taux de couverture des engagements techniques par les placements effectués par les entreprises d'assurances et de réassurance demeurent supérieurs aux minimas réglementaires. → Lire aussi : Les risques macroéconomiques à un niveau modéré Ce secteur continue de dégager une marge de solvabilité, en couverture du risque de souscription, largement supérieure au minimum réglementaire exigé, relève la même source, notant en revanche que le passage vers le régime de la solvabilité basée sur les risques, en application du dernier amendement du code des assurances, entraînera probablement une réduction significative des excédents de cette marge. La réforme paramétrique du régime des pensions civiles (RPC) a conduit à une tarification équilibrée pour les droits futurs des affiliés, estime Bank Al-Maghrib, soulignant la nécessité d'identifier les solutions idoines à apporter aux problématiques des déficits de ce régime découlant de ses importants engagements au titre des droits passés. S'agissant des autres régimes, aucun changement notable des dates d'épuisement des réserves n'a été constaté lors des projections réalisées. Pour ce qui est du marché des capitaux, tout en demeurant globalement stable, il s'est caractérisé notamment par l'émission d'un premier sukuk souverain et d'un emprunt obligataire de type « social et vert », alors que le marché de la dette privée a été marqué par une hausse de 43% des émissions, avec un volume émis de 48 milliards de dirhams (MMDH) à fin septembre 2018. Par ailleurs, les niveaux des taux d'intérêts restent globalement bas et stables sur les marchés monétaires et obligataires, affirme BAM, notant que l'actif net des OPCVM a atteint 438,5 MMDH à fin novembre, en progression de 5,4% par rapport à fin 2017, avec des souscriptions orientées vers la catégorie « obligataire à moyen et long termes » et ce, dans un contexte de marché boursier baissier. En effet, la Bourse des valeurs a enregistré une baisse de ses indices Masi et Madex respectivement de 11,7% et 12,1% à fin octobre 2018, après un pic positif respectivement à 7,2% et 7% au 9 mars 2018. Côté secteurs, la baisse a touché la majorité des compartiments, en particulier celui de l'immobilier. Dans ce contexte, la volatilité à 20 jours annualisée de l'indice MASI a connu une augmentation sensible au cours du deuxième semestre 2018 mais reste, néanmoins, confinée dans une fourchette comprise entre 6,6% et 11,2%. Le volume d'émission, marqué par un retour des introductions en bourse, est en légère amélioration en 2018 à environ 2 MMDH. Lors de cette réunion, le CCSRS a dressé le bilan de la feuille de route inter-autorités en matière de stabilité financière au titre de la période 2016-2018 et approuvé la nouvelle feuille de route 2019-2021, indique le communiqué. Le Comité a, par ailleurs, examiné les avancées du secteur financier en matière de lutte contre le blanchiment des capitaux et le financement du terrorisme à la lumière des travaux de la 28ème réunion plénière du groupe d'action financière du Moyen-Orient et de l'Afrique du nord (GAFIMOAN), tenue du 24 au 29 novembre 2018. Il a également pris connaissance du projet de Système de management anticorruption en cours de mise en œuvre à Bank Al-Maghrib, conclut le communiqué.