L'Envoyé spécial du secrétaire général des Nations Unies pour la sécurité routière, Jean Todt a émis le vœu, mardi à Marrakech, de voir les travaux du 1er Forum africain de la Sécurité routière sanctionnés par la mise en place d'une feuille de route africaine en la matière. Dans un message vidéo à l'ouverture de ce Forum, organisé sous le Haut patronage de SM le Roi Mohammed VI, Todt a indiqué que « nous disposons déjà d'un plan mondial« , à savoir la Décennie d'action pour la sécurité routière (2011-2020), et « nous avons besoin d'un plan d'action africain » dans ce domaine. Il a mis l'accent sur l'impératif de réfléchir ensemble et de partager les visions pour atteindre les objectifs fixés et assurer la réussite escomptée en matière de gestion de la sécurité routière, tout en souhaitant plein succès aux travaux de cet important forum continental, dont le grand nombre et la qualité des participants de haut niveau, a-t-il dit, témoigne de l'intérêt accordé à ce sujet et à cette problématique. De son côté, le directeur du département du Transport relevant de la Banque mondiale, Franz Drees-Gross a indiqué que ce phénomène prend plus d'ampleur sur le plan africain, comme en témoigne les statistiques officielles (26,6 décès pour une population de 100.000 d'habitants), sachant que le continent ne dispose que de 2,3% du nombre total des véhicules circulant à travers le monde. Il a, dans ce sillage, insisté sur la nécessité d'un changement de mentalité et de conduite pour inverser cette tendance, soulignant également l'insuffisance des fonds alloués par les gouvernements africains pour la prévention et le traitement de cette problématique. Drees-Gross a, dans la foulée, souligné l'importance de la collecte et l'analyse des données pour une meilleure réponse à cette problématique, notant, toutefois, que ce forum africain illustre la mobilisation et la volonté du continent de renforcer la sécurité routière. Pour sa part, le secrétaire général du Forum international des Transports (FIT), Young Tae Kim a indiqué que la sécurité routière constitue un enjeu économique et humain de taille. Le Maroc est, jusqu'à présent, le seul pays africain membre du FIT, notant que le Royaume assurera la présidence du Forum international des Transports en 2020-2021. Il a ajouté que sous la présidence du Maroc, le FIT ambitionne de renforcer sa coopération avec l'Afrique, relevant que le FIT est une partie prenante du projet de création d'un Observatoire africain de sécurité routière. → Lire aussi : Le 1er Forum africain de la Sécurité routière entame ses travaux à Marrakech Le directeur du département de prise en charge des maladies non transmissibles, handicap et prévention de la violence et des traumatismes au sein de l'Organisation mondiale de la Santé (OMS), Etienne Krug, a, lui, insisté sur le fait que les pays africains sont appelés notamment à renforcer les infrastructures routières et à mettre en place des stratégies pour une gestion efficace et optimale en matière de sécurité routière. Le responsable de l'OMS a appelé les pays africains à accorder davantage d'intérêt à la question de la sécurité routière, tout en les invitant à suivre le modèle du Maroc qui dispose d'un Comité national de prévention des accidents de la circulation (CNPAC), en vue de tirer profit de l'expérience accumulée par le Royaume dans ce domaine pour réduire le nombre de morts dans les accidents de la circulation. La directrice générale de la Confédération internationale des routes, Susanna Zammataro, a, quant à elle, mis l'accent sur la nécessité de faire de la sécurité routière une des priorités de la politique des gouvernements compte tenu de son rôle dans l'économie, notant que la participation importante et de qualité à ce forum témoigne de la grande volonté et de l'implication de toutes les parties concernées pour la recherche de solutions à ce fléau. Dans ce sens, elle a appelé à une action ferme pour la protection de l'avenir des pays africains qui souffrent des répercussions engendrées par les accidents, notamment en termes de pertes humaines en particulier parmi les jeunes qui sont la clé du développement et de la prospérité de chaque pays. L'Ambassadrice de la sécurité routière auprès de la Fédération internationale de l'automobile (FIA), Zoleka Mandela, a invité les participants à ce premier Forum africain de la sécurité routière à trouver des solutions pour venir à bout de ce fléau en Afrique. Mandela a aussi livré un témoignage émouvant sur la souffrance qu'elle continue d'endurer en tant que mère ayant perdu sa petite fille dans un accident de la circulation en 2010 à Johannesburg, notant que les routes africaines demeurent l'une des plus dangereuses et meurtrières à travers le monde et continuent de faire des victimes et d'engendrer des pertes de vies humaines, dont une partie importante sont des enfants et des jeunes. Initié par le ministère de l'Equipement, du Transport, de la Logistique et de l'Eau, le CNPAC et le Programme de Politiques de Transport en Afrique (SSATP), sous le thème « Sécurité routière en Afrique, facteur de développement durable », ce Forum continental de trois jours se veut une plateforme d'échange des expertises et des bonnes pratiques dans ce domaine. Cette rencontre, à laquelle prennent part un parterre de ministres, de hauts responsables, de représentants d'institutions continentales et internationales, d'organismes gouvernementaux et de la société civile, outre des experts et des acteurs concernés, venus de 70 pays, dont 45 du Continent africain, vise à capitaliser sur les acquis des uns et des autres en la matière pour que les similitudes socio-économiques et culturelles entre pays africains soient des atouts et des facteurs clés de succès, à créer un cadre africain de réflexion sur la sécurité routière, à promouvoir la prise en charge de la sécurité routière en Afrique pour atteindre les objectifs de la décennie d'action 2011-2020 et à réunir les institutions et organismes gouvernementaux, les experts, les acteurs économiques, les entreprises publiques et privées, et les ONG du continent africain oeuvrant pour la sécurité routière. Outre des débats scientifiques et techniques, le programme de cette première édition prévoit également des rencontres et des échanges entre acteurs institutionnels, professionnels et composantes de la société civile. Dans ce cadre, une grande exposition est organisée pour servir de relais aux panels et pour permettre aux acteurs concernés des pays africains de se faire connaître et faire des rencontres « B to B » et « B to G » afin de nouer des relations à même de promouvoir leurs métiers dans le domaine de la sécurité routière.